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Commentaire de Michel Tarrier

sur Les faux Amish de la Décroissance


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Michel Tarrier Michel Tarrier 4 novembre 2011 18:30

PARTIE 2

Pourquoi les écologistes sont nécessairement malthusiens ? Comment se fait-il que l’homme ne croit pas ce qu’il sait ?

En dehors de toutes considérations sur l’effet de serre, nous savons que la croissance de la production de pétrole qui assure 38 % de l’énergie primaire va prendre fin sous peu.

Qu’il en sera de même pour le gaz et le charbon exploitable. Qu’en aucun cas les énergies renouvelables ne pourront qualitativement et quantitativement remplacer les énergies fossiles.

Que l’explosion démographique humaine est directement liée à l’explosion de la production de biens matériels et de subsistances qui est due à l’utilisation par l’hommes d’innombrables esclaves mécaniques qui fonctionnent grâce aux énergies fossiles.

Le corollaire de cette explosion démographique est l’effondrement des écosystèmes naturels remplacés par les espaces agricoles, l’immensité des territoires artificialisés par l’urbanisation, les routes et les infrastructures industrielles.

Qui dit effondrement des écosystèmes dit évidemment effondrement de la biodiversité.

De plus, la production agricole est menacée par l’érosion des terres arables. La révolution verte s’achemine vers une catastrophe par stérilisation et empoisonnement des sols.

A cela, nous devons ajouter que 43 % de la population mondiale est dépendante de nappes phréatiques qui ne se renouvellent pas ou sont fossiles. Cette pénurie d’eau est directement liée à l’augmentation de consommation per capita et à la croissance démographique. 70 % de l’eau douce consommée par l’homme va à l’agriculture. La quantité d’eau disponible reste globalement constante, c’est sa sur utilisation qui est en cause.

Constatons également la disparition à une vitesse sans cesse accélérée des forêts primaires et par dessus tout depuis 1950 une explosion des déchets divers et variés, les déchets atomiques ne sont que la cerise sur le gâteau. La terre devient une gigantesque poubelle et est incapable de recycler nombre de molécules de synthèse qui résistent aux processus habituels de dégradation.

Tôt ou tard, nous reviendrons à une situation qui était celle de l’humanité avant l’utilisation des énergies fossiles. Actuellement certaines années le taux de croissance de la Chine à atteint 12 % grâce à une boulimie énergétique sans précédent. Cette civilisation du pétrole du gaz et du charbon ne saurait être qu’une bulle transitoire dans l’histoire de l’humanité. La situation post fossile, si l’effet de serre ne transforme pas la terre en une nouvelle Vénus, sera pire que celle du Moyen Age, car nous aurons détruit la majorité des écosystèmes naturels et que nous devrons gérer une pollution considérable. Nécessairement nous nous acheminons vers une décroissance énergétique et autre : minerais biomasse, donc vers une décroissance démographique inéluctable.

Tout le problème est de savoir comment l’espèce va être capable de gérer cette transition.

Dés 1974, René Dumont reprenait en 1974 les conclusions du Club de Rome et citait la phrase suivante : « Néanmoins la grande majorité des hommes politiques semble s’obstiner à prendre des décisions allant à l’encontre des évidences : La croissance illimitée, exponentielle, donc toujours plus rapide, de la population et de la production industrielle, deviendra vite impossible, dans notre planète, qui est un monde fini ».

Nous étions en 1973 lorsque Dumont écrit ces phrases dans L’utopie ou la mort. La population mondiale n’atteignait pas 4,5 milliards d’habitants. Très critiqué comme malthusien il écrit page 49 : « Il n’est plus possible de s’en remettre à la seule planification familiale, car elle se contente d’empêcher la venue au monde des enfants non désirés. La survie de l’humanité ne peut plus être confiée au bon vouloir d’un nombre aussi élevé de procréateurs plus ou moins irresponsables. Ceux qui les encouragent peuvent désormais, maintenant que nos limites sont enfin reconnues, être considérés comme criminelles, cherchant à satisfaire quelque volonté de puissance. Des mesures limitatives autoritaires de la natalité vont donc devenir de plus en plus nécessaires, mais elles ne seront acceptables que si elles commencent par les pays riches et par l’éducation des autres ».

Il est indiscutable que la crise écologique serait moins aiguë si René                                              Dumont avait été entendu en 1973. Il est à noter qu’il n’a pas été entendu dans les pays riches mais en Chine, pays émergent régi par un régime communiste, converti par la force des choses au malthusianisme.

Pour ce qui est de la situation en France deux catégories d’experts se distinguent par leur antimalthusianisme : les économistes et les démographes. Pour ce qui est des démographes citons l’un des plus illustre Hervé Lebras : Pour lui la surpopulation : « C’est une vieille crainte. Si la population s’accroît trop vite, il n’y aura pas de quoi la nourrir. Il est vrai que la population mondiale croît plus vite que les surfaces cultivées, mais depuis 1950, en gros, les rendements, et donc la production de vivre se sont nettement accrus, plus vite que la population. Le problème est donc ailleurs  ».

Pourquoi a-t-on si peur de la surpopulation ? Réponse : l’eugénisme, il faut liquider les pauvres. Mais aujourd’hui l’eugénisme a mauvaise presse. Il y a eu transposition de l’eugénisme vers les pays pauvres : c’est l’explosion démographique des pays pauvres qui constitue une menace. De toute manière aucune raison de s’inquiéter, on peut espérer une stabilisation de la population vers 2040 : 8,5 milliards d’habitants. L’explosion démographique est pratiquement terminée.

Il n’y a donc pas de problème démographique.

Il est remarquable de constater avec quelle magnifique inconscience Hervé Lebras ignore à la fois les données de la crise écologique et bien entendu les données de géopolitique internationale La dénutrition croit, 1 milliard d’habitants sont affamés, la production a cru mais sa répartition est tout sauf équitable.

Tout est pour le mieux dans le meilleur monde occidental possible. – citations extraites de Siné hebdo no 82, une interview du démographe Hervé Le Bras, commentaire de Siné hebdo : « En fait, la peur c’est toujours le seul argument de la droite, sauf que la droite est antimalthusienne ».


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