@ Jason
Votre critique est parfaitement légitime, et l’or est également une marchandise, de plus disponible en quantité limitée. Simplement, il n’est pas QUE cela. Je ne suis pas un fanatique de l’or, je m’en suis servi comme exemple parce que c’est la valeur-refuge par excellence, mais je ne crois pas qu’on puisse en faire une monnaie mondiale.
Par contre, pour faire tourner une économie locale, par exemple française, avec le cuivre, l’argent, l’or et le platine, ce serait tout à fait possible.
En matière de monnaie, la seule chose nécessaire est qu’elle ait par elle-même une valeur intrinsèque (outre les évidentes qualités de transportabilité, pérennité et divisibilité). En Allemagne occupée (période 1945-1950 en gros), les gens ont utilisé les cigarettes comme monnaie. Le problème avec les théories de Keynes et des monétaristes, qui considèrent la monnaie comme un symbole abstrait, basé sur la seule garantie de l’État émetteur, c’est que cette sorte de monnaie s’effondre systématiquement. Il n’y a rien à faire, ça ne « marche » pas (même si ça « marche » en théorie et dans les modèles bien rodés des économistes). Il a fallu forcer les gens (par la coercition) au Royaume-Uni pour qu’ils consentent à utiliser la monnaie papier, il y eut des précédents de confiscation de l’or aux États-Unis, en France aussi d’ailleurs. Le problème est que cette sorte de monnaie symbolique, dite monnaie fiduciaire, est basée sur la confiance. Or, l’État trahit systématiquement cette confiance. C’est pourquoi il faut que la monnaie possède sa propre valeur intrinsèque, ou bien que la monnaie soit garantie par autre chose que l’État (ce qui me paraît difficilement réalisable).
Ne mésestimez pas le troc, c’est un système qui a déjà été utilisé très largement et continuera de l’être. C’est ainsi que la Russie commerçait avec l’Allemagne au tout début des années 1990, le temps qu’elle acquière un volume suffisant de devises.