@ Jason
Vous soulevez plusieurs questions intéressantes. À la question de la valeur, je vous renvoie à ce que je disais plus haut à Pascal ou au livre que vous citez : on ne sait pas exactement, et je n’aurai pas la prétention de vous y répondre. C’est l’ultime limite de la science économique. Certaines réponses assez satisfaisantes ont été formulées, mais elles sont toutes également partielles et limitées à un contexte particulier, notamment culturel (voir les travaux de M. Mauss sur le don, qui n’était pas un économiste, mais qui a beaucoup étudié les économies du don caractérisées par l’absence de monnaie ; en un sens, l’argent scriptural est également une sorte de monnaie dématérialisée et s’en rapproche, mais conserve malgré cela une existence réelle quelque part : dans les registres des banquiers et dans la tête des gens).
Sur la question de la fiduciarité, toute monnaie est fiduciaire puisque rien ne nous garantit qu’un Napoléon est bien en or sinon le numismate qui nous l’a vendu. La nécessité d’une valeur intrinsèque, vérifiable, et d’une relative rareté cependant est justifiée en ce sens qu’elle soustrait d’une façon ou d’une autre notre argent à l’État et au banquier, c’est à dire aux deux catégories les moins dignes de confiance. Ceci est absolument nécessaire en ce sens qu’une monnaie de ce type peut être thésaurisée et transmise de gré à gré sans figurer nulle part. C’est une protection extrêmement bienvenue de nos jours contre les intrusions de l’État, et en fait, de toute institution tierce. Par ailleurs cela permet de conserver durablement un pouvoir d’achat X, en dépit des crises, des faillites et de l’inflation, des impôts, etc.
Enfin, fiduciaire, scripturale ou polymétallique, la monnaie reste un
bien. Donc, toute transaction impliquant une monnaie revient à faire du
troc. Votre remarque sur la valeur d’échange implique une conséquence qui
plaide plutôt en faveur de ma thèse : si la valeur d’échange de l’euro
reste relativement élevée, en cas de crise majeure, elle passera à zéro
très rapidement. C’est pourquoi la monnaie doit posséder une valeur interne, indépendante de toute institution étatique ou bancaire.