Alexis de Tocqueville :
"Pour ma part, j’ai rapporté d’Afrique la notion affligeante qu’en ce
moment nous faisons la guerre d’une manière beaucoup plus barbare que
les Arabes eux-mêmes. C’est, quant à présent, de leur côté que la
civilisation se rencontre.
Cette manière de mener la guerre me paraît aussi inintelligente qu’elle est cruelle (...).
D’une autre part, j’ai souvent entendu en France des hommes que je
respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les
moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans
armes, des femmes et des enfants.
Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles
tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se
soumettre. Et, s’il faut dire ma pensée, ces actes ne me révoltent pas
plus ni même autant que plusieurs autres que le droit de la guerre
autorise évidemment et qui ont lieu dans toutes les guerres d’Europe. En
quoi est-il plus odieux de brûler les moissons et de faire prisonniers
les femmes et les enfants que de bombarder la population inoffensive
d’une ville assiégée ou de s’emparer en mer des vaisseaux marchands
appartenant aux sujets d’une puissance ennemie ?«
La conviction du »civilisé" : même dans le meurtre, il se trouve admirable.
Eh bien, quand on boit, on paie.