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Commentaire de jean-jacques rousseau

sur La crise n'est pas économique : elle est idéologique


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jean-jacques rousseau 8 novembre 2011 13:03

Article intéressant.

La seule fausse note que je relève c’est votre désignation du bancor comme élément porteur d’une nouvelle oppression monétaire voir monétariste. Vous ironisez dans votre article : « 
un étalon monétaire miraculeux, le bancor. » Mais sans toutefois développer d’avantage le sujet, ni étayer votre accusation sous-jacente.
Il me semble que tout part d’une approche partielle et approximative.

Dans un article début 2007 j’ai fait mention du projet keynésien de 1944 :

« Un nouveau système monétaire

Ainsi aux excès des politiques inflationnistes des Etats qui avaient fait de l’émission monétaire un moyen de politique clienteliste répond
les excès d’une spéculation financière, rendue possible avec la complicité des banques centrales et des politiques monétaristes qui ont permis de détourner le droit régalien de création monétaire, dans le but d’organiser une pénurie de la contrepartie monétaire destinée à la production et l’échange des biens par les familles et les entreprises, de manipuler les marchés monétaires et d’augmenter les moyens financiers disponibles pour de nouvelles opérations financières spéculatives.

Dans la confusion de cette mondialisation de l’économie, basée sur la spéculation sur les devises et sur les créances des États, dont les principes fondamentaux concernant l’ouverture douanière et financière n’aboutissent finalement - en passant par l’endettement et la désinflation - qu’à une situation de concurrence et de guerre économique, c’est à dire à l’opposé du projet de coopération économique internationale : il est temps de fixer les objectifs et les moyens d’une réorganisation de l’économie. Une économie qui soit un moyen de développement et de désendettement au service de l’homme et des nations plutôt qu’un asservissement de l’un et une ruine programmée de l’autre.

Face à l’échec évident du système de »régulation spéculative« mis en place avec le régime de changes flottants, il nous faut donc revenir à l’étude du plan Keynes qui a été écarté au profit du projet White lors de la négociation de Bretton-Woods.

 »Pour l’après-guerre, Keynes avait imaginé un système où les grandes nations ne seraient pas contraintes de placer le respect d’accords commerciaux au-dessus des objectifs de progrès social, notamment le plein emploi. Il y voyait coexister le libre-échange avec un système de protection généreux assuré par des institutions financières internationales. Celui-ci aurait été caractérisé avant tout par un dispositif d’« ajustement des créances » imposant des sanctions aux pays en excédent commercial, et non aux nations en déficit. Cela aurait contraint les premiers soit à accepter une discrimination à l’encontre de leurs ventes, soit à élargir leurs marchés intérieurs pour absorber plus d’importations. Parallèlement, chaque débiteur aurait eu droit à une ligne de crédit dans un système international de paiement, appuyé sur un mécanisme de compensation et une monnaie de réserve mondiale (le bancor).«  »

Vous notez ici vous-meme que le bancor n’est d’une part qu’un élément d’une nouvelle approche des échanges internationaux. Il ne se comprend que par association avec : 
1. un mécanisme de compensation ou chambre de compensation internationale dont l’administration se fera sous la surveillance des Etats participants ;
2. un nouveau système international de paiement (dont la chambre internationale de compensation et le bancor sont les mécanisme de mise en oeuvre d’une nouvelle philosophie ;
3. Philosophie d’échange équitable dont le principe repose sur un dispositif d’« ajustement des créances » imposant des sanctions aux pays en excédent commercial, et non aux nations en déficit.

Parler de bancor sans faire allusion au concept « d’ajustement des créances », ni a une chambre de compensation multipartite chargée d’établir un consensus sur la parité des dévises, résulte d’un véritable contresens et génère la confusion des esprits.

Keynes avait eu l’intuition d’un véritable systeme anti-monétariste et le stigmatisation ou l’utilisation du « bancor » comme étalon monétariste destiné à renforcer une quelconque gouvernance mondiale est et serait une nouvelle trahison de la pensée keynésienne.

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