Le message que veut faire passer l’article est bon, mais il y a des approximations. J’en relève une de taille : Goldman n’est pas vendeur de CDS, il est bien évidemment acheteur. Je m’explique :
Goldman aide le gouvernement Grec à falsifier ses comptes pour satisfaire les critères de la zone euro, en contractant un swap de devise qui permet de mettre hors-bilan de gros déficits libellés en euros. Goldman sait que quand ce contrat sera honoré, le déficit reviendra dans le bilan, que la Grèce se fera épingler, et qu’il leur arrivera des gros problèmes. Le gouvernement Grec sait aussi que quand les déficits reviendront dans leur bilan, les autorités européennes leur taperont sur les doigts, mais ils savent aussi que la BCE et le FMI sauront la renflouer.
Ensuite le gouvernement Grec, pour se financer comme n’importe quel pays, a émis des obligations souveraines, que se sont empressé d’acheter les grandes banques commerciales grecques, françaises, et d’autres pays européens. Ces banques, sûres de la solidité du système financier européen, de la BCE, et de la Grèce, ont aussi décidé de créer et vendre des contrats d’assurance, les fameux CDS, pour engranger un peu plus. Pour comprendre la suite il faut savoir que les CDS assurent contre un risque contre lequel vous n’êtes pas forcément exposé, c’est à dire qu’un particulier ne peut assurer que SA maison, mais une banque peut assurer la maison de son voisin...et y foutre le feu.
Par exemple, la BNP passe un contrat CDS avec Goldman Sachs : GS doit payer une prime mensuelle à BNP pendant x-années, et en retour, en cas de faillite de la Grèce, BNP doit payer une grosse prime à GS. GS savait que les comptes de la Grèce allaient exploser, donc ils savaient que la prime des CDS allait leur tomber dans la poche.
C’est pour ne pas avoir à payer cette prime que les banques françaises et grecques ont accepté une « décote » de 50% (voir 60%) sur leurs créances grecques. Vous pensiez que c’était par bonté ? Le fait est que, selon la définition de l’autorité financière (ISDA), un CDS se déclenche (càd la prime d’assurance doit être versée) en cas d’’évènement de crédit« , et seule une restructuration complète et non-volontaire est considérée comme telle. Autrement dit, l’ »accord" européen de la semaine dernière a restructuré la dette grecque mais n’est pas un évènement de crédit car :
- il émane de la volonté des banques
- il ne s’applique pas à 100% de la dette, seulement à celle détenue par les banques mais pas celle détenue par la BCE
Autrement dit on assiste, derrière la mascarade de Sarkö et Merkel, à une guerre interbancaire entre les banques européennes qui ne veulent pas payer leurs primes, et GS et consorts qui ont hâte de toucher le pactole.