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Commentaire de wilkins

sur Jamahiriya vs Regime Change : Mouvement de contestation ou Réseau de contestataires ?


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wilkins 10 novembre 2011 13:58

Bravo, une fois de plus monsieur Teil pour votre travail.

La conférence postée sur agoravox tv est également édifiante. Le rôle joué par les organisations humanitaires, tuyautées par Washington est absolument évident, vous en faites une démonstration très convaincante.
Si l’on ajoute le processus politique très ancien, comme vous le précisez dans cet article, on voit alors se dessiner une opération habilement menée, afin de faire croire à une authentique révolte spontanée.
 Il suffit de préciser les ambitions géostratégiques des Etats-Unis, qui souhaitaient absolument éviter l’union politique des forces panarabes de la ligue arabe pour compléter le tableau.
Le pari américain était de déstructurer intégralement les entités « arabes » de la région, politiquement et économiquement, pour les substituer par des micro-états coincés dans leur réalité régionale. Depuis les années 70, tout ce que le milieu du renseignement US compte de think tank théorise et implore une balkanisation du moyen-orient, qui oublierait ainsi ses ambitions régionales dans des conflits locaux, des antagonismes religieux et une scission cardinale entre sunnites et chiites. L’utilisation des intégristes musulmans est clairement revendiquée à cette fin par les think tank fondateurs de la géostratégie atlantiste.

C’était le projet de Brezjinsky, du CFR et de leurs successeurs. Pour cela, il fallait s’appuyer sur les pétromonarchies du golf, facilement manipulables et privées de toute vision politique et stratégique.
Les dictateurs laïques, tels que Saddam Hussein et Khaddafi, essayaient de forcer l’union panarabe par une globalisation des puissances énergiques du moyen-orient.
Ils pouvaient compter sur l’appui de l’Egypte, de la Syrie et de l’Algérie, notamment, pour concrétiser le mouvement de bascule.
Leur projet à terme était d’imposer le dinar/or, maintenant, tout le monde le sait. En le faisant, ils s’octroyaient le droit de faire dévisser le dollar, purement et simplement, sur le marché des matières premières.Tous les économistes reconnaissent aujourd’hui qui se le dollar perd son exclusivité sur ce marché boursier, en tant que devise, les Etats-Unis ne sont alors plus une superpuissance, mais seulement une puissance comme les autres.

La Libye devait tomber, c’était inéluctable. D’autant que l’union énergétique panarabe aurait eu tendance à se tourner vers la Chine et la Russie, comme elle le fait naturellement depuis 30 ans.

On peut, en tant qu’occidental, douter d’un monde où les dictateurs laîcs de l’Irak, la Libye, l’Egypte ou l’Algérie décident, du fond de leurs palais princiers, du cours de l’or, de la devise du marché des matières premières et pérpétuent leur ascendant énergétique pour encore 50 ou 100 ans. Le tout en fournissant allègrement la Chine dans ses besoins quotidiens.
Une Chine qui ainsi approvisionnée aurait continué son petit manège de dumping social, de croissance exponentielle par l’union et le soutien de ses structures bancaires, la sous-évaluation de sa monnaie pour l’exportation, et la création logique d’excédents... qui servent à acheter de la dette et racheter nos ports.

Les Américains ne sont pas fous, il n’y avait pas d’issue favorable pour les nations occidentales autres que le surendettement qui contribue à accroitre notre dépendance aux pays excédentaires.
C’était un cercle vicieux sans fin. La Chine aurait racheté à peu près tout ce qu’elle voulait par appartement.

En dégommant la Libye, ce n’est rien d’autre que ce système qui s’effondre. Au passage, la Chine perd, petit à petit, tous ses points d’appuis en Afrique. Comment va t-elle s’approvisionner quand ses besoins en pétrole augmentent de 10% par an ?

Il n’y a plus de dirigeants arabes, tous sont passés à la moulinette des guerres ou révolutions impulsées par les Etats-Unis. Il ne reste plus que les régimes fantoches pro-américains de l’Egypte, la Tunisie, la Libye et l’Irak d’un coté (tous envahis ou dégommés), les pétromonarchies alliées des US de l’autre (Qatar, Arabie saoudite, EAU, Koweit) et l’Iran au milieu, pour maintenir la scission sunnites/chiites.

Tout, absolument tout ce qu’avait prévu Brezjinsky s’est réalisé.
Ce sont deux visions du monde qui s’affrontaient, et les US ont sauvé leur peau.

Sauf qu’il s’agit bien d’un projet impérialiste, d’une manipulation constante des extrémistes religieux et d’Al-Qaeda et de mensonges ehontés additionnés à des guerres qui ne disent pas leur nom.

Au passage, la Libye a été renvoyée à l’age de pierre parce qu’elle envisageait de faire quelque chose d’assez comparable à ce que nous avons fait en créant l’euro. Mais dans une perspective énergétique qui assurait le succès de l’entreprise.
Imaginez si on nous avait envoyé des salafistes assoiffés de sang dans nos villes pour nous punir de nos ambitions économiques. Le coup de la guerre humanitaire aurait été dur à avaler.

Vous devez aller au bout de votre reportage monsieur Teil, vous avez largement de quoi prouver que la guerre libyenne n’est absolument pas spontanée et légitime, vous l’avez démontré avec votre travail sur les organisations humanitaires et la préparation politique de l’après-Khaddafi.

Il faut que votre reportage sorte.


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