Salut à toi, Caleb Irri
Il est dommage que ta critique des médias reste à l’état embryonnaire car tu ne dis pas que des bêtises, loin s’en faut. Toutefois les classes moyennes ne cherchent pas uniquement à défendre leurs interêts à votant à « droite », elles expriment aussi leur adhésion à l’utopie du progrès linéaire sur laquelle c’est bâti l’Occident depuis le début de l’industrialisation.
Pour comprendre le sens de ce vote il faut avoir à l’esprit les mythes qui accompagnent et justifient ce choix.
Les gens acceptent de travailler plus car ils pensent sincèrement que le mérite est récompensé, le rêve américain, le banlieusard qui réussit, se sont des moteurs pour l’individu qui ne souhaite qu’améliorer son sort, sans parler des contes classiques porteurs de cette idée (Cendrillon par exemple). Ces histoires étant porteuses d’espoir simple (il « suffit » de travailler, pas besoin de faire une révolution, les justes/travailleurs seront récompensés) elles rencontrent du succès, les gens s’y identifient et tentent de les mettre en pratique.
Une partie de l’utopie du progrès étant que de la croissance viendra le bonheur, l’individu lambda pense qu’il faut favoriser l’économie et qu’il en découlera FORCEMENT des améliorations dans sa vie quotidienne. Après tout, dans le système capitaliste où il a grandi, un emploi est une nécessité vitale et, pour ceux qui le « méritent » une voie vers le luxe, assimilé au bonheur dans l’immense majorité des écrits et programmes destinés à la jeunesse (voir à la justice elle même, cf Batman, Iron man ou Largo Winch). De plus l’Histoire des pays colonisateurs appuie cette version de l’accroissement du bonheur des masses par l’augmentation du commerce, bien sûr si on occulte la part des services publics et de la répartition « forcée » des revenus du travail.
[D’ailleurs je voudrais porter un bémol à ton affirmation selon laquelle public et privé poursuivraient les mêmes buts. Je viens d’un département de montagne et je peux t’affirmer que les services publics et les entreprises privées n’accordent pas la même importance à l’intérêt général, pour t’en convaincre renseigne toi sur les durées des coupures d’électricité, par exemple, tu verras que les deux ne différent pas que par leurs noms.]
J’ai écrit un texte sur l’importance de la perception du travail dans les problèmes que nous rencontrons actuellement, je vais m’empresser de le mettre en ligne, il sera plus éclairant que ce commentaire.
Si tu souhaites approfondir les points que j’ai soulevé voici quelques références :
Les contes de fées et l’art de la subversion par Jack Zipes
Métamorphoses du travail par André Gorz
Le sens du progrès par Taguieff
Caleb Irri je te salue