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Commentaire de mick_038

sur Pourquoi la crise va continuer


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mick_038 mick_038 5 décembre 2011 14:53

La crise n’existerait pas s’il n’y avait un abus délibéré des deniers publiques.
J’ai travaillé pendant longtemps, et jusqu’à peu, dans le milieu de la bureautique : les copieurs, imprimantes, consommables, etc.... Ce que je vais vous raconter va vous faire un peu comprendre ce qu’il s’y passe, avec l’entière coopération de nos politiques.
Je travaillais dans une boite de bureautique du var, qui compte parmi ses clients de nombreuses mairies, administrations, écoles, cantines & co...
Ces clients là possèdent un parc copieur & imprimante des plus impressionnants.
Le matériel est, en théorie, remplacé tous les 5 ans. Le prestataire est choisi, en théorie, sur appel d’offre.
Les prix d’achats et les prix publics sur ces appareils sont en général assez bas (comptez 12000 € pour un copieur 50p/minutes couleur avec trieuse & co) et 800€ pour une grosse laser couleur A4.
Or, ces appareils sont le plus souvent vendu le prix de 4 membres, avec une solution de financement sur 5 ans (lexel, ge capital, etc...)
Comptez par exemple 20000€ un 25 copies/minutes n&b (PA : tout juste 2000€)
Comment cela est il possible ? Plusieurs raisons :
- aucun des fabriquants de copieurs ne les vend en direct en france. Ils passent tous par des revendeurs, à savoir les sociétés de bureautique (Ricoh, canon, TA, sharp, ...), le revendeur est donc libre d’appliquer le tarif qu’il veut. ça se passe le plus souvent à la gueule du client.
-le contrat d’entretien, appelé aussi le coût copie. Une arnaque bien bien rodée.
Le coût copie inclue le coût du copieur sur une période de 3 ans, à savoir les visites de maintenance, les kits de remplacement (four, tambour, courroie, dv...), les consommables (toners), le papier et le prix du copieur. Or généralement, dans 99% des cas, ce coût est additionné au prix du copieur, ainsi qu’au prix du papier. Ça change complétement le tarif. Les contrats sont proposés à partir de 10000 copies, et cela peut s’élever jusqu’à 150000 copies. Moins il y a de copies, plus le coup de celles ci est élevé. En fait, un client qui prend un contrat 50000 copies payera quasiment la même chose que 100000 copies. Et n’oublions pas, ces coûts copies sont étudiés sur 3 ans, or le matériel reste souvent en place 5 ans. Donc 2 ans de pur bénéf dans la poche. La deuxième couche, c’est que, si d’un trimestre à l’autre, vous faites moins de copies que prévu, votre crédit de copie n’est pas reportable. Mais par contre, si vous venez à le dépasser, vous payez, et au prix fort, au prix de la copie hors contrat. Et ça, les commerciaux le savent bien, ils ont donc tendances à sous évaluer le nombre de copies faites. La troisième couche, c’est que ces contrats stipulent que vous ne pouvez pas dépasser un certain nombre de consommables par an. Si vous les dépassez, fessée, et idem, prix fort.
Là où c’est le summum, avec les établissements public (écoles, impôts...) et les administrations, c’est que pour bénéficier du coût copie le plus bas possible, on tappe dans le plus haut contrat disponible, qu’on applique à TOUS les appareils. Ainsi, si une mairie a besoin d’un appareil qui sort 200000 copies par an, on va lui prendre un contrat sur 200000 copies/an, mais on va l’appliquer à tous les appareils de la mairie, y compris l’imprimante de la secrétaire de l’accueil, même si celle-ci ne fait que 5000 copies /an.
-le top du top, le refinancement.
Alors ça, franchement, on tappe dans le haut niveau de l’arnaque.
Par exemple, imaginons qu’au bout de 3 ans, un appareil placé par une mairie dans un CCAS ou une école, ne convienne plus, ou que la mairie ait besoin de rajouter un copieur ou une imprimante. Soit. Seulement, le commercial va argumenter que cela ne lui est pas possible car son parc fait l’objet d’un contrat de financement (argument faux mais bon...) et qu’il ne peut pas leur en faire un deuxième. Mais, Ô miracle, il a une solution qui va permettre de faire l’impossible : il va refinancer l’intégralité du parc. En gros, il va racheter, via l’organisme de crédit, les échéances restantes, et faire un chèque au client, enfin au signataire, afin qu’il règle les échéances restantes. Comme cela il cloture, en théorie, l’ancien contrat de financement, et repart sur un nouveau. Ainsi, si la mairie veut rajouter une bête imprimante laser couleur au bout de trois ans, la mairie repart sur un contrat de financement tout neuf de plusieurs centaines de milliers d’euros... J’ai souvent vu des dossiers de financements pour des administrations ou des mairies, comportant une dizaine de copieurs et autant d’imprimantes dépasser les 500.000 Euros, c’est même très fréquent... Pas loin de 9000 €/mois.... Le record je crois, c’est la mairie d’une station balnéaire du var assez connu, dont le contrat a atteint 1,2M€, pour une vingtaine de copieur et 30 imprimantes. Et il arrive très très souvent, pour pas dire toujours, qu’on rajoute un matériel au bout de 3 ans.
-Le reconditionnement, ou l’outil à marge.
Le reconditionnement consiste à remettre à neuf un copieur qui lui est pas mal fatigué.
On change les éléments d’usure (courroie, four, tambour...) et encore pas toujours. On démonte tout le carénage, on le nettoie comme il faut, et on repeint le carénage. Et on le revend le prix du neuf, alors qu’il a 300000 ou 400000 copies... Accepteriez vous de payer 30.000 € pour un scénic reconditionné, refait à neuf mais qui a déjà 300.000 bornes ? Pourtant, c’est ce qu’il se passe. Et c’est validé et signé par nos élus.
-Plus fort encore, le matériel fantôme.
Une personne, un client fidèle, peut être même un client tout neuf, qui aurait besoin de liquidité, de grosses liquidités. Comment faire ?
Pas de problème, on lui finance un gros copieur, ce qu’il se fait de plus gros, avec le plus gros contrat, les 2 parties signent, et le financement est accepté. Le matériel concerné est stocké ailleurs, dans des dépots de déménageurs par exemple, ou dans des box, loin de la société. Par un astucieux montage, le client dénonce finalement le contrat (matos inadapté, ou toute autre raison un peu moisie), et la société lui restitue un chèque du montant du matos, moins l’usure... ça marche aussi pour les partis politiques, ou les syndicats...
-Nos élus sont au courant de ce système, et ils ne se gênent pas pour se servir, quelque soit la couleur ou le bord. Facile...
En effet, si vous avez déjà regardé une facture de ces fameuses boites de bureautique, vous verrez que rien n’est détaillé. La plupart du temps, le seul détail qui figure c’est « multifonction 30pages min + système d’impression 25 pages min + connectique + accessoires multimédia + divers + main d’oeuvre », avec le montant en face (là déjà c’est au moins 60.000). Point. Et c’est exactement ce qui est envoyé à l’organisme de financement, et à la trésorerie municipale. A partir de là, impossible de vérifier quoi que ce soit puisqu’il n’y a pas de marque, pas de référence, pas de désignation précise. Une fois que l’organisme de financement a validé le dossier (y’a pas de raison pour le refuser, surtout pour une mairie) et versé l’argent à la boite de bureautique, celle ci en fait ce qu’elle veut. Frais de représentation, commission, pseudo-achat... Il y a beaucoup d’élus dans le coin qui possède un équipement hifi et home cinema à la pointe de ce qu’il se fait, avec des écrans de 2m, ou qui partent en « cure » à l’étranger, ou qui ont mystèrieusement fait l’acquisition du dernier coupé à la mode... Croyez-moi, sur des montants dépassant les 1M€, ça passe sans problème...
La méthode, elle est ce qu’elle est, condamnable ou non, quand il s’agit d’une entreprise, d’une pme, d’un artisan, c’est lui qui prend la responsabilité de signer. Donc il assume.
Mais que cela se fasse dans les administrations, dans les mairies, les écoles, les établissements publics, non ! Là, ce n’est pas l’argent du signataire qui va payer, mais le nôtre ! Cela ne devrait même pas exister. Et après, c’est à nous qu’on vient demander de faire des efforts.
Pour en prendre conscience, lorsque vous allez dans une administration, dans une mairie, une bibliothèque, une école, faites l’association suivante : 1 imprimante laser N&B = 10000€, 1 couleur = 20000€, un copieur n&b 25 copie = 30000€, un copieur couleur 25 copies= 60000€, un copieur couleur 50 copies minute = 110000€.
Et tout ça est payé avec l’argent public.


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