Salam,
vous mélangez des choses qui ne doivent pas l’être : la question de l’amour ici n’a strictement aucune importance et n’est en aucun cas le fond du problème. ce qui rend légitime la mise à mort d’hallaj, comme celle du christ (parce qu’il prétend être fils de Dieu), c’est que son affirmation « je suis la Vérité » détruit l’ordre humain. la créature n’est pas le créateur et même lorsque l’une n’est que manifestation de l’Autre, on ne peut en aucun cas en faire mélange au risque de détruire la créature.
Dieu c’est l’indifférencié alors que la créature c’est la différenciation. En affirmant « Je suis la Vérité », c’est à dire en ce mettant à la place de Dieu, d’une part Hallaj s’exclut de la communauté humaine mais pire il la néantise.
Lorsqu’il exprime l’« Être Dieu » - ce qui d’une certaine façon est vrai puisque ce n’est que l’expression de la prise de conscience de la réalité profonde,- il met en cause l’ordre humain, parce qu’en disant « je suis la Vérité », il n’y a justement plus de vérité, parce qu’il n’y a plus ni bien , ni mal, ni juste ni injuste, ni haut, ni bas. Dieu est indifférenciation, là où l’homme, la raison humaine est travail de différenciation. C’est à dire que le devoir de l’homme est de distinguer ce qui doit l’être, il y a ce qui est bien d’un coté et ce qui est mal de l’autre et l’être humain ne peux s’affranchir de cette dualité, c’est sa condition de créature. Ordonner le bien, interdire le mal. c’est un devoir pour le musulman, c’est un devoir pour l’homme. En disant « Je suis la Vérité » Hallaj exclut la possibilite de faire ce travail parce que Dieu n’est pas différencié.
La mise à mort de Hallaj est légitime parce qu’il renverse l’ordre humain, même lorsqu’il exprime quelque chose qui de l’ordre du Divin.
De toute façon, en tuant Hallaj, les juges ne font que le renvoyer là d’où il prétend parler, c’est à dire dans l’état de non différenciation de ce qui n’est pas créature.
phil