Madame Le Pen est devenue la pierre
d’achoppement de toutes les projections de résultats aux
présidentielles. Sa présence au second tour est devenue dans
l’esprit de beaucoup le seul moyen de rendre « intéressant »
le prochain scrutin présidentiel.
Mais à quoi joue cette
dame ?
Elle surfe sur la vague antimondialisation et anti euro
pour capter les mécontentements économiques et sociaux. Elle
brouille pour cela à plaisir son identité politique de référence,
ne voulant même plus se situer à droite !
En se fabriquant une
virginité « ad usum populi », elle peut ratisser plus
large étant entendu que le cœur de son message politique est
toujours celui d’extrême-droite, faire croire que les malheurs du
peuple ont pour origine plus pauvres que lui.
Ainsi, derrière la façade
« révolutionnaire », Madame Le Pen demeure la candidate
providentielle et démagogique d’un électorat à qui elle flanque la
trouille : son meilleur agent électoral (Claude Guéant l’a
bien compris) c’est le sentiment d’insécurité distillé dans les JT
de 20h et les « micro trottoirs » des grandes chaînes de
radio.
Jamais cette candidate « du
peuple » n’a lancé de mouvement populaire en faveur de la
moindre conquête sociale, le peuple pour elle c’est le tremplin de
son ambition personnelle. Même quand elle parle de référendum
d’initiative populaire, c’est les yeux rivés sur la Suisse et les
enjeux les plus racornis. Madame Le Pen se présente non pas pour
défendre le peuple contre les « prébendiers » (comme le
disait si souvent son père) mais pour s’en servir en le réduisant à
un troupeau apeuré.
Sarkozy et Mme Le Pen jouent ainsi
exactement la même partie : cliver sur des thèmes identitaires
et sécuritaires pour gagner leurs électeurs.
Mais on attend toujours une véritable
opposition pour porter un espoir à gauche.