Il y a fondamentalement un choix éthique à faire entre les fantasmes théocratiques ou téléologiques inspirés par un imaginaire qui est le plus souvent délirant et a pour fonction de combler un manque angoissant d’identité dans des situations de crise et la luicidé philosophante.
Or la crise est permanente en démocratie libérale par défaut de croyances suffisament partagées et par l’instabilité des positions acquises et des relations intersubjectives qui menace en permanence d’échec le désir de reconnaissance .
Il y a donc un paradoxe indépassable dans nos sociétés modernes : elles sont désenchantrées (au sens de M.Weber) et laisse aux seuls individus le soin (au sens quasi médical) de se donner du sens dans la conscience vécue que ce sens ne peut être que fictif et que ce soin n’est qu’un effet placebo. Cette fiction de sens risque de devenir illusion quand elle est prise pour une vérité ; mais le société démystifie en permanence ce risque et produit de la désillusion. Que faire alors ?
Rien d’autre que ceci : gérer le paradoxe en renonçant au mirage de l’illusion du « sens vrai » et absolu pour jouer des rôles qui nous permettent de nous estimer dans des domaines mettant en jeu des compétences, des règles et des valeurs diverses. L’unité du sujet ne résiderait alors plus que dans la capacité à assumer ces différents rôles dans le faire (qui inclut l’apparence, le pouvoir, le jouir et le faire jouir) et dans la puissance d’agir en vue de la reconnaissance et non plus dans la permanence de l’être.
L’essence de l’homme est le désir disait Spinoza et le désir n’est que puissance d’action, sauf à rester passion c’est à dire dépendance à ses objets et illusion mortifère, voire morbide. Privés du regard de Dieu, socialement et politiquement mort, nous sommes condamnés à nous savoir mortels et à nous reconstuire sans cesse sous le primat de la conscience de soi pour soi médiée par celle des autres.
La finitude assumée est alors la seule sagesse qui nous reste. Et si philosopher c’est désirer devenir plus sage, une fois la conscience de soi dépouillée des oripeaux religieux, alors la philosophie critique et active sur soi et le monde devient la seule attitude libératrice possible.
Identité et conscience de soi
Le rasoir philosophique