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Commentaire de Richard Schneider

sur L'Ecole est finie


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Richard Schneider Richard Schneider 23 décembre 2011 19:58

 C’est un sujet que je connais un peu (j’ai fait carrière dans l’EN). Quelques réflexions :

Il y a trois étapes dans la dégradation de l’école républicaine.
1. La création du collège unique en 1975. Tout le monde éducatif était pour. Avec l’allongement de la scolarité à seize ans, il a bien fallu accueillir tous ces (nombreux) adolescents. Cette massification de l’enseignement a abouti dès les années 80 à une baisse du niveau général. Comment y remédier ? Les têtes pensantes ont imaginé, souvent sous l’impulsion d’anciens soixante-huitards, des pédagogies différenciées. Très rapidement, le climat dans les écoles a changé : moins de cours magistraux, plus d’activités d’éveil etc ... et moins d’autorité, plus de contestation. Pour le dire rapidement, tout le monde a commencé à être dépassé ; mais personne n’a voulu l’admettre : les syndicats pensaient qu’en augmentant les postes, l’encadrement serait amélioré. C’est vrai. Mais ce n’était pas le seul problème. Le niveau continuait à baisser.
2. Avec Meirieu et Allègre, l’EN se voit attribuer une autre finalité : l’élève sera au centre du système, les profs ne devront plus seulement enseigner, mais aussi éduquer - remplaçant peu à peu les parents défaillants (le plus souvent à leur insu). J’ai connu un inspecteur qui recommandait le principe que c’était à l’élève de faire le cours.
3. Depuis 2007, on assiste au démantèlement de l’EN. Comment ? en l’étouffant : augmentation des effectifs, diminution des postes d’enseignants ... L’objectif du pouvoir actuel est de transformer l’école en un vaste supermarché où les clients (les parents et accessoirement les élèves) viennent se servir. En effet, il faut aligner l’EN, organisme public, sur les critères du privé. Ex. : les nouvelles fonctions des chefs d’établissement qui sont calquées sur le management de l’entreprise privée. En réalité, nos élites ultra-libérales se fichent de rehausser le niveau général des élèves. La culture, c’est le domaine de TF1... Dans une société où la concurrence est féroce, il est même question d’abolir tout système de notation ! Excellente préparation pour ceux qui vont se retrouver confronter à l’individualisme forcené qui sévit sur le marché du travail. Ce qui compte, c’est la formation a-minima d’une main-d’œuvre flexible dont l’unique but sera de devenir des citoyens-électeurs décérébrés et des consommateurs compulsifs. 
Pour une infime minorité, de bonnes écoles (et d’universités) privées, payantes suffiront à reproduire les élites formatées qui nous gouvernent. Bref, comme aux USA.

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