« Démocratie » signifie que c’est le peuple
(dêmos) qui a le pouvoir (kratos). Un régime où les élus confisquent le pouvoir
entre deux élections n’est donc pas une démocratie. Notamment, la
« démocratie » représentative n’est pas une démocratie. La
« démocratie » participative n’est pas non plus une démocratie tant
que c’est les élus qui conservent le pouvoir effectif (vous notez que j’ai
mis le mot démocratie entre guillemets,
mais le mot participatif mérite aussi de l’être puisqu’il s’agit plutôt de
consultations sans pouvoir de décision). Reste la démocratie directe, qui n’est
pas praticable au niveau national puisque les affaires publiques à ce niveau
impliquent de prendre quotidiennement un grand nombre de décisions, et que les
citoyens ont d’autres choses à faire. Le peuple ne peut donc pas se passer de représentants.
On serait tenté d’en déduire que la démocratie est impossible. Ce serait oublier
que l’on peut, comme vous le mentionnez, jouer sur plusieurs tableaux. En Suisse fonctionne une combinaison particulièrement efficace :
la démocratie semi-directe qui comporte une composante représentative et une
composante directe (le peuple élit des représentants, mais garde en tout temps
la possibilité d’intervenir avec un pouvoir décisionnel dans les affaires
publiques).
Les Indignés devraient s’unir sur une clé
pour ouvrir la porte de la démocratie. Cette clé pourrait être un véritable
droit d’initiative qui permette au peuple de modifier la Constitution et
uniquement la Constitution. Ensuite, chaque courant Indigné pourrait
utiliser cette clé pour proposer des
modifications constitutionnelles qui feraient avancer la démocratie dans le
sens qu’il préconise. Cette clé est volontairement minimaliste : c’est la réforme la plus modeste qui permette d’ouvrir la porte de
la démocratie. De plus, pour un premier pas, il
vaut mieux adopter une réforme qui fonctionne déjà dans un autre pays que sauter dans l’inconnu.
J’ai aussi proposé une typologie des mouvements démocrates qui
pourrait vous intéresser (voir ici).