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Commentaire de easy

sur La France championne du monde de la déprime


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easy easy 2 janvier 2012 13:03

La France récente est née d’une série de révolutions populaires où le peuple, sans doute aidé de penseurs humanistes, a décapité les Pères sur une base doléancière.

Il est donc apparu depuis deux siècles une manière de communiquer entre gens du peuple, qui est doléancière, élégiaque, pathétique.
En fait il y a deux catégories d’élégies. Une dans laquelle l’amoureux dit sa souffrance mais n’en rend personne responsable en tous pas le roi. Cette catégorie d’élégie est très répandue à travers le Monde et les Français la pratiqueraient plutôt peu. Et une autre dans laquelle c’est le citoyen qui se lamente et là, c’est évidemment le roi ou le gouvernement qui est interpelé. Les Français adorent communiquer entre eux par le biais de cette grammaire de la doléance politique.

Le verbe, la verbalisation a tendance à poser, à organiser donc à structurer notre pensée. Comme notre tendance depuis deux siècles est à bavarder soit de la pluie soit de nos Sarkos, pour s’en plaindre, ça fait que nos conversations sont très critiques, très râleuses, très boudeuses.
Malheureusement donc, il n’y a pas que notre verbalisation qui est devenue pathétique. A force, notre pensée l’est devenue.



Le concept de plainte adressée au roi est si central de notre communication que nous nous plaignons de tous les chefs, de tous les agents, des moindres préposés des postes, des moindres flics, des moindres profs et ... le pire...de nos parents (Alors que se plaindre de ses parents est un concept inenvisageable dans bien des cultures)



Il faut relever que ce concept doléancier est nettement plus marqué chez les passionnés de la Passion du Christ que chez ceux qui n’en ont pas fait le socle du commerce des idées et que les réformistes ou protestants ont moins tendance à s’en prendre aux pères, ils ont plus tendance à se débrouiller seuls. C’est chez les protestants (en grande part des Français ayant fui la France pour cause de terreur imposée par les dragons de Louis XIV) qu’on trouve des individus au profil d’Albert Schweitzer qui n’ont aucun intérêt pour « la complainte adressée au Père » et qui avancent seuls, contre vents et marrées, sans jamais se lamenter de leur sort.


Oskar Schindler, Aristides de Suza Mendès, étaient des catholiques qui ont entrepris des actions difficiles dans des contextes très dangereux pour leur peau mais c’est tout de même chez les protestants qu’on trouve le plus de gens qui travaillent dur sans protester.


Je crois devoir relever également que catholiques, francs-maçons, protestants ou déistes, dans la zone chrétienne, surtout d’Occident, ont tous assez nettement pratiqué le chant religieux pathétique. Alors que cette tendance n’existe pas dans d’autres religions.
Se retrouver en messes autour du pleur, même hors enterrements, favorise le commerce verbal sur lit de complaintes. Le Requiem de Mozart, infiniment doloriste, invite à grandir dans la conscience de la douleur, il ne pousse pas à l’optimisme où l’on se grandit dans le déni de sa douleur.

« Dieu ait pitié de nous » forme un état d’esprit et un commerce de mots qui orientent vers le pessimisme. Or la France est la fille de l’Eglise.


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