@ Alain Colignon
Je ne dis pas que vous vous trompez mais vous me posez des questions que je ne me suis pas posées de cette façon.
Pour moi, l’histoire d’Adam et d’Eve est le premier texte écrit par une société organisée environ 4000 ans avant J.C. C’est une règle fondatrice de bonne gouvernance où le conseil de chefs/prêtres est lié d’amour avec sa population et c’est peut-être la première tentative d’explication du monde et du sens de l’homme sur terre. J’y vois un progrès sur un monde animal où règne la loi de la jungle. Caïn sont les paysans, Abel l’armée.
Abraham et Sarah, idem. Abraham fait régner l’ordre en pays de Canaan au nom du Pharaon. Jacob idem. Joseph reproche à ses frères de ne pas faire « paître » correctement les populations dont ils ont la charge etc... Nous sommes dans une logique militaire avec le souci de faire régner la paix égyptienne avec ses avantages, sa rigueur et ses conflits guerriers. Moïse, c’est un refus de l’esclavage et un appel à la libération pour la liberté. Même si le récit biblique fait de Salomon un roi juif, tout porte à croire que c’était un conseil de compromis mis en place par l’Egypte et qui a réussi à imposer la paix et la justice dans un pays où les rivalités existaient. David, c’est une population qui se libère. David joue de la harpe. Nous sommes manifestement dans une logique d’évolution où la politique joue son rôle, mais pour le bien des populations mais dans un contexte éventuellement de conflits, ce qui signifie que si des populations gagnent, d’autres perdent.
Toute cette histoire est relatée par la Bible sous une forme poétique qui nous éclaire assez bien sur cette époque où l’on préférait voir le merveilleux du monde, même si parfois un Job sur son fumier mettait son Dieu en accusation. Ce qui m’intéresse est de découvrir l’histoire et son évolution au travers de ces récits transfigurés. C’est pour cela que je dis que la Bible est un livre très important.
Idem pour le Nouveau Testament. Je n’ai jamais dit que jésus avait existé comme on se l’imagine, mais que c’était un idéal d’homme que Jean-Baptiste a voulu faire descendre dans ses communautés esséniennes. Idéal, c’est-à-dire sans péchés, autrement-dit anti-corruption. Ces communautés esséniennes dont les membres se voulaient saints, pieux et pauvres, semblent avoir joué un grand rôle social dans la mise en valeur des terres et dans la vie des populations. Evidemment, comme ces gens-là estimaient que leur système était meilleur que celui de Jérusalem, ils ont voulu l’imposer et cela s’est terminé par une guerre. Au crédit des apôtres, il faut noter l’interdiction de lapider la femme adultère, ne pas la considérer comme impure au moment des règles, la suppression de la circoncision, la possibilité de faire quelque chose le jour du sabbah mais surtout d’avoir une conduite pure, ce qui signifie « honnête ». En lisant les évangiles dans leur sens caché, nous avons toute l’histoire du conflit, notamment la condamnation du pouvoir quand il dérape et le rappel permanent à la justice.
Paul est un personnage discutable et discuté. Dans ses épîtres, il est un pasteur et un guide qui cherche à faire régner la bonne entente dans les communautés qui se sont placées sous son conseil. Je le vois également en homme politique, luttant d’abord contre ce que le Sanhédrin considérait comme une hérésie dangereuse, convaincu ensuite que ce mouvement était porteur d’espoir. Responsable politique, donc porteur d’un projet de société théocratique en alliance avec Rome, partisan d’un grand soulèvement pacifique qu’il n’a pas pu canaliser, car débordé par les courants extrémistes. Concernant sa théologie, je considère qu’il a essayé de redonner un sens à la doctrine dont il a hérité avec toutes ses contradictions et ses espérances qui ne se sont pas réalisées, mais qu’il s’est souvent emmêlé les pinceaux dans ses explications laborieuses.
Pour plus de détails, vous pouvez retrouver mes articles sur la toile en faisant les mots-clés adéquats. Comme je vous l’ai déjà dit, il y a deux facettes dans cette histoire. Il y a la facette qui choque le sens que nous avons aujourd’hui de la sacralité de l’individu, et il y a l’histoire dans son évolution. Je m’attache surtout à comprendre cette évolution de l’histoire.