Extrait de « Les luttes des classes en France » de K Marx de 1850 après les évènements de 1848.
« Après la révolution de Juillet, lorsque le banquier libéral Laffitte conduisit en
triomphe son compère le duc d’Orléans à l’Hôtel de ville , il laissa échapper ces
mots : « Maintenant, le règne des banquiers va commencer. » Laffitte venait de trahir
le secret de la révolution. »
« L’endettement de l’État était, bien au contraire, d’un intérêt direct pour la fraction
de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément
le déficit de l’État, qui était l’objet même de ses spéculations et le poste principal
de son enrichissement. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre
ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie
une nouvelle occasion de rançonner l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la
banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus
défavorables. Chaque nouvel emprunt était une nouvelle occasion, de dévaliser le
public qui place ses capitaux en rentes sur l’État, au moyen d’opérations de Bourse, au
secret desquelles gouvernement et majorité de la Chambre étaient initiés. En général,
l’instabilité du crédit public et la connaissance des secrets d’État permettaient aux
banquiers, ainsi qu’à leurs affiliés dans les Chambres et sur le trône, de provoquer
dans le cours des valeurs publiques des fluctuations insolites et brusques dont le
résultat constant ne pouvait être que la ruine d’une masse de petits capitalistes et
l’enrichissement fabuleusement rapide des grands spéculateurs. Le déficit budgétaire
étant l’intérêt direct de la fraction de la bourgeoisie au pouvoir, on s’explique le fait
que le budget extraordinaire, dans les dernières années du gouvernement de Louis-
Philippe, ait dépassé de beaucoup le double de son montant sous Napoléon, atteignant
même près de 400 millions de francs par an, alors que la moyenne de l’exportation
globale annuelle de la France s’est rarement élevée à 750 millions de francs. En outre,
les sommes énormes passant ainsi entre les mains de l’État laissaient place à des
contrats de livraison frauduleux, à des corruptions, à des malversations et à des escroqueries
de toute espèce. Le pillage de l’État en grand, tel qu’il se pratiquait au moyen
des emprunts, se renouvelait en détail dans les travaux publics. »
Toute ressemblance avec des faits récents serait pure coïncidence ....
Les situations se suivent et se ressemblent pour le désespoir du plus grand nombre
Philippe