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Commentaire de HORCHANI Salah

sur La nouvelle tendance du Ministère tunisien de l'Enseignement Supérieur !


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HORCHANI Salah HORCHANI Salah 10 janvier 2012 14:27
« « Essaraha Raha » : l’issue de secours de Moncef Ben Salem
 
Par Mohamed Anis Abrougui
08 Janvier 2012

Hier, sur la chaine Hannibal TV, Samir el Wafi a invité à son émission « Essaraha raha » l’actuel ministre de l’enseignement supérieur Moncef Ben Salem. L’émission fut très intéressante et instructive dans la mesure où diverses problématiques de l’actualité nationale furent discutées à l’instar du sit-in de la faculté de la Manouba. D’un autre côté, l’émission a fourni un éclairage certain sur le personnage du ministre et son passé. L’intérêt n’est pas de répéter ici l’émission qui est en train d’être retransmise en boucle mais plutôt de tenter de dégager les objectifs d’une telle émission, pour arriver peut être à sonder les « intentions de l’auteur ». En effet, pour différentes raisons l’émission d’hier semblait être vouée à réconcilier le personnage du ministre avec l’opinion publique et rien d’autre.

D’un côté, le plan de l’émission lui-même pourrait se résumer à ces quelques étapes : une première partie consacrée pour déballer tout ce que l’on critique chez le ministre et pour lui permettre de justifier toutes ses « gaffes » si l’on peut les appeler comme ça. Ainsi sa position quant à l’affaire de la Manouba est explicitée, ses déclarations concernant Ali Douaâgi et le groupe de « Taht Essour » ont été aussi justifiés et le ministre en a minimisé l’impact et la portée, et la vidéo qui a circulé sur Facebook le montrant en train d’attaquer Bourguiba et lancer un discours d’allégeance à Qatar a été aussi discutée. Voilà le ministre lavé de ses erreurs enfin justifiées. La deuxième étape fut consacrée à contrer toute sorte de rumeurs concernant le ministre et ses tendances idéologiques. La tentative du coup d’état auquel il fut mêlé en 1987 a été évoquée à ce propos. Ainsi, Moncef Ben Salem n’est pas un extrémiste et il est bien capable d’être le ministre de tous les tunisiens. La troisième partie fut consacrée au pathos : Moncef Ben Salem, le personnage qui a tant souffert, qui a été empêché d’assister aux funérailles de sa propre mère par le régime Ben Ali. Nul n’est besoin d’affirmer que sans que le téléspectateur ne s’en rende compte, en prétendant déballer tout le linge sale du ministre, Samir el Wafi le lave.

De l’autre côté, on remarque la façon légère dont certains sujets ont été discutés à tel point que l’on pourrait reprocher à Samir el Wafi de ne pas avoir voulu coincer son interlocuteur et de lui avoir laissé volontairement des portes de sortie alors que le paradoxe sautait aux yeux. Tel est l’exemple de l’affaire Douaâgi : Moncef Ben Salem minimise la portée de son discours et affirme avoir oublié s’il avait tenu les propos cités par l’animateur de l’émission. Il affirme avoir été contre un texte enseigné en deuxième année, pas plus. Or, tout le monde sait et Samir el Wafi savait que ce la vérité est tout autre. Lorsque le ministre s’est dérobé pour se concentrer sur l’histoire du texte, el Wafi n’a pas insisté. Le même comportement fut enregistré quand il a discuté de la vidéo dans laquelle l’actuel ministre parle des origines juives de Bourguiba, attestées par un papier écrit de la main de sa femme. Aucun commentaire de l’animateur ne vient mesurer la véracité de ces propos. Pour ne citer que ces exemples, el Wafi survole les problématiques sans les discuter dans le fond, permettant à son interlocteur de retourner sa veste publiquement en reniant ses propos passés de manière parfois audacieuses pour ne pas dire choquantes.

En définitive, l’émission n’a apporté rien de nouveau ou presque comme information puisque tout le monde connaissait ce que l’on reproche à Moncef Ben Salem et ce dernier avait déjà tenté de se justifier dans la presse, en vain. L’émission a repris les gaffes du ministre et lui a permis de mieux les justifier. Même la partie émouvante pour agir sur les sentiments des téléspectateurs n’est pas nouvelle : le CV du ministre qui circule sur internet est plus chargé de souffrances politiques que de travaux académiques. L’on pense que certaines contre-vérités qui sautaient aux yeux auraient pu être relevées par l’animateur, et puisqu’elles n’ont pas été relevées, l’on accuse les intentions de l’émission. Peut être que l’on attendait beaucoup plus de cette émission alors qu’il ne fallait pas. »

Salah HORCHANI

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