Je suis toujours étonné quand on nous présente le tirage au sort comme la pratique « naturelle » de la démocratie, en se fondant sur les pratiques de l’Athènes antique. Précisons simplement aux incultes et autres détourneurs de l’histoire que la démocratie à Athène recouvre une période extrêmement courte (environ deux siècles) et surtout considérablement réduite. Le tirage au sort fut pratiqué avant, pendant et après la période de « démocratie » et n’en est donc aucunement une caractéristique.
La logique du tirage au sort des responsables à Athènes (mais aussi dans d’autres cités, qui ne se voulaient pas « démocratiques » pour un sou, elles) repose sur l’idée que, le destin collectif des tribus athéniennes reposant sur les Dieux, il fallait laisser leur volonté s’exprimer directement pour ce qui est de la bonne marche de la cité. Cela convient dans le cadre d’une société où l’intervention divine directe dans la vie quotidienne est convenue par tous et par chacun, mais dès que l’on sort de ce cadre extrêmement précis, cette logique ne peut tout simplement plus avoir court.
A l’inverse, les pratiques caractéristiques de la « démocratie » athénienne sont toutes électives (avec quelques procédures hautement complexes qu’on pourrait sans peine qualifier de « chinoiseries »), de même d’ailleurs que toutes les pratiques démocratiques antérieures et postérieures à cette période marginale et pour tout dire négligeable de l’histoire d’Athènes. Ainsi du fonctionnement des tribus elles-mêmes, par exemple.