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Commentaire de bakerstreet

sur Lumière et vérité


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bakerstreet bakerstreet 13 janvier 2012 09:34

Quand j’entrais dans son appartement du 22 baker street, je vis tout de suite que Holmes avait sa tête des mauvais jours.

 L’hiver était particulièrement sombre. The thick fog m’avait pris à la gorge pendant tout le trajet. Le temps devait agir sur la neurasthénie du grand homme.
 Par la fenêtre on ne distinguait même pas la Tamise.
 Le grand homme me parla à voix basse de tous les désordres du monde, de la guerre Tripolitaine, de la loi martiale américaine. C’était un chapelet de malheurs égrainés comme les perles de cette église romaine, que les bigotes font tourner inutilement en priant le ciel.

« Enfin, Holmes, lui dis-je, reprenez vous, bonté gracieuse ! Vos qualités naturelles ne vous donnent pas le droit de renoncer pareillement au monde. C’est l’ami autant que le médecin qui vous parle ! »
Il leva vers moi un regard plus morne que jamais ;
« D’étranges mutations se préparent, me dit-il. Le vice amène le pêché en boucle, et même les crimes deviennent de plus en plus obscènes. Ce Jack the ripper qui éventre les femmes dans le quartier de whitechapel inaugure les temps avenirs. Un jour vous verrez que les élus se feront tailler des pipes par des femmes de ménages ! »

Je sursautais, c’en était trop ! Etait-ce l’effet du laudanum sur son cerveau qui le faisait dériver d’une façon aussi shocking !
« Holmes, vos paroles sont un véritable scandale. De pareilles monstruosités ne sauraient jamais passer le channel. Toutes ces élucubrations sont peu dignes d’un gentleman britannique, mais justes bonnes à mettre dans la bouche d’un de ces froggys aux mœurs outrageuses !

« Watson, mon ami ! A quoi bon résoudre des énigmes quand on sait que la planète ne passera pas l’année ! »
J’ai toujours été étonné de voir chez ce grand homme coexisté un cerveau double : Une grande capacité intellectuelle et déductive, associée à une labilité de l’humeur qui l’amène parfois à dire les pires extravagances.
« By jove ! Vous n’allez tout de même pas porter fois à ces ragots de la presse populaire ! »

Il tourna vers moi un regard muet qui n’attendait que mes conseils. Je me concentrais afin de trouver les paroles les plus justes.
« Holmes vous avez vaincu Moriarty, ce génie malfaisant. Je ne doute pas un instant que vous saurez déjouer les plans machiavéliques de ce mister Fed, le faux monnayeur génial qui veut s’attaquer à nos bonnes réserves de livres sterling.
Mais une chose après l’autre : Je veux que vous commenciez à nettoyer votre chambre, et à mettiez de l’ordre dans vos affaires. Une chambre rangée, et voilà que le monde paraît plus serein ! » 
« Elémentaire, mon cher Watson ! » Finit-il par admettre, tirant sur sa pipe.

J’entrepris de faire un thé le plus rapidement possible. Il n’est pas de meilleur remède pour un anglais. L’eau doit frémir, ne pas bouillir, c’est un point essentiel !
« Watson, vous faites un parfait cordon bleu ! »

Pauvres gens que nous sommes !
 La stricte préparation d’un bon thé selon les règles strictes, nous aident bien plus que ces vaines supputations, et nos esprits battant la campagne !


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