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Commentaire de Aldous

sur Que penser de la proposition de loi sur le génocide arménien ?


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Aldous Aldous 20 janvier 2012 09:40

C’est la Turquie qui a attaqué la Russie et est entrée en guerre aux cotés de l’Allemagne contre les alliés le 1er novembre 1915 et non l’inverse.

Le gouvernement jeune-turc n’a d’ailleurs pas attendu l’arrivée des corps expéditionnaires Francais et « rosbifs » comme vous dites de façon méprisante, pour s’occuper de ce qu’ils appelaient la « question arménienne » (Au fait ça ne vous rappelles rien ? Une certaine question qui obnubilait Hitler.)

Dès leur arrivée au pouvoir en 1909 ils organisent un premier massacre d’Arméniens à Adana qui fait plus de 20.000 morts. Des campagnes de boycott visent les commerces tenus par des Grecs, des Juifs ou des Arméniens.

On est véritablement dès ce moment dans une situation comparable à celle des années 30 en Allemagne où les pogroms anti-juifs préfigurent la solution finale à la « Question Juive ».

Le plan d’extermination lui même a été conçu en février 1915, c’est à dire plus de 7 mois avant la déclaration de guerre des Ottomans à la Russie.

La « Loi provisoire de déportation » date du 27 mai 1915, 4 mois avant la guerre.

Le génocide a commencé après la défaite turque de Sarikamish le 29 décembre 1914.

Le gouvernement Jeune-Turc trouve dans les Arméniens un bouc émissaire pour ne pas assumer ses erreurs stratégiques et utilise cette défaite comme prétexte pour lancer le plan d’extermination qui était déjà conçu.

Comme on peut le lire dans les commentaires de cet article cette accusation continue aujourd’hui d’être le paravent derrière lequel se cachent les ultra-nationalistes turcs pour s’exonérer de ce crime contre l’humanité.

Mais cette accusation reconnais implicitement qu’il s’agit bien d’un génocide car elle se base sur l’idée que la population civile arménienne pourrait être accusées de façon collective et sur une base ethnique ce qui justifierait qu’elle ait été exterminée.

Ce que Molotov appelle ici les « règles universelles des guerres » mais qu’en droit il est convenu d’appeler crimes de guerres.

Le nettoyage ethnique a continué après le génocide arménien et confirme qu’il s’agit d’un objectif politique et non d’une simple vengeance dans le cadre de la guerre.

Après les Arméniens, les Grecs du Pont-Euxin et des cotes Ioniennes seront expulsés.

Les chrétiens Assyro-chaldéens seront persécutés et leurs villages rasés.

En 1955, la seule communautés important de chrétien qui reste en Turquie est celle des 200.000 Grecs d’Istanbul, protégés par les traités internationaux de 1928.

Le services secrets turcs posent une bombe dans la maison natale d’Atatürk en Grèce et accusent les Grecs de cet attentat.

Le gouvernement turc dissimule à l’opinion les resultats de l’enquête de la police grecque et organise deux jours de pogrom contre les Grecs d’Istanbul, acheminant des militants nationalistes en train et en bus.

Il y aura 16 morts (dont un arménien), des viols de femmes et d’hommes, des circoncisions forcées de prêtres.

A la suite de ces violences et de celles de 1965 ; les grecs fuiront en exil et la communauté ne compte plus que 2000 personnes. En réalité il reste de nombreux crypto-chrétiens à Istanbul, Izmir et Trabzon (les anciennes villes grecques Constantinople, Smyrne et Trébizonde) mais aussi Ephèse.

Cependant ces populations se terrent et se font passer pour musulmanes. Les églises sont fermées et seuls des missionnaires les approchent.

C’est pourquoi plusieurs missionnaires italiens ou allemands ont été sauvagement assassinés ces dernières années (depuis 2007).

Don Andrea et andréa Santoro tués à Trabzon.
Luigi Padovese, égorgé à Alexandrette,
Tilman Geske, Necati Aydin, Ugur Uksel et deux convertis turcs torurés et égorgés à Malatya.

Adriano Francini bléssé à Ephèse s’en est sorti.

Aujourd’hui, la politique de répression des minorités s’est également reportées sur des musulmans : les Alévis et les Kurdes en particuliers.

Bref la génocide arménien n’est pas un évènement isolé et justifiable par des circonstances de guerre.

Il s’agit de l’événement fondateur d’une politique d’unification nationaliste, ethnico-religieuse par le nettoyage ethnique et par la terreur d’état.

Le négationnisme d’état en est le volet propagandiste qui lui permet de se perpétuer en dépit de la prise de conscience de la société civile et des opinion internationales.

Mais en Turquie même la société civile aspire à la fin de l’omerta et de l’impunité des criminels :

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-turquie-l-etat-profond-est-107911


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