Il se trouve que j’ai passé plusieurs années (six) à travailler pour un laboratoire homéopathique, à valider et à mettre en place des protocoles d’expérimentation animale sur le terrain. Je ne vous dirais pas que « ça marche », il n’y a que les « anti-homéopathie » qui pensent que les « pro-homéopathie » parlent comme çà. Mais j’ai trouvé des protocoles en double-aveugle dont les résultats se sont répétés, entre autres chez le veau et le porc. La labo pour lequel je travaillais a également fourni de nombreux résultats en toxicologie et en immunologie (avec publications internationales à comité de lecture, s’il vous plaît), et j’ai déjà rencontré Benveniste. J’ai maintenant d’autres occupations, mais j’ai retenu de cette période plusieurs choses, et voici mon opinion sur différents points évoqués ici :
1. On attaque souvent l’homéopathie sur des arguments « habillés en scientifique » (comme votre article), mais qui témoignent surtout d’une méconnaissance du problème. La plupart du temps, c’est un argument d’autorité assez obtus (« le Professeur Machin a dit que ça marchait pas, alors forcément... »). Il suffit de dire dans une conversation courante entre professionnels que des résultats existent pour s’entendre exiger agressivement et séance tenante les références, les modes opératoires, les méthodes statistiques, enfin, bref, ce qu’on ne demande jamais dans la recherche habituelle, entre collègues bien intentionnés. Je vous jure que ça fait drôle, on voit la différence de traitement.
2. Quand vous essayez de publier dans une revue scientifique à comité de lecture, votre article ne passe même pas la première étape : votre article ne doit pas contenir le mot « homéopathie », ni « micro-doses », et votre protocole est suspect d’emblée. Le plus bel argument que nous ayons vu revenir d’une de ces revues est : « nous ne pouvons publier votre article, car il pourrait donner des arguments aux partisans de l’homéoopathie ». Authentique !!
3. La mémoire de l’eau : l’acharnement médiatique à flinguer Benveniste a eu quelque choses de troublant. Quand on a attrapé le coréen qui prétendait avoir cloné des cellules humaines, ça n’a pas fait autant de foin. Pourtant, la fraude était avérée, alors que pour Benveniste, il existait des arguments techniques plus urgents à examiner (la répétabilité du test de dégranulation des basophiles, par exemple). J’ai revu une émisson récemment sur la 5 où le chef du comité de lecture de Nature étalait sa fierté d’avoir « démasqué un charlatan », on sentait que ça avait rempli sa vie, à ce pauvre mec. La mémoire de l’eau, ça peut se concevoir, avec des structures moléculaires stables, les trfavaux de Prigogine ont ouvert des portes, enfin bref, documentez-voius, c’est plein d’idées intéressantes.
4. Le cas Boiron : cette entreprise lyonnaise s’est retrouvée par la grâce des rachats quasiment en situation de monopole mondial, et tout à fait en situation de monople français. Je ne peux pas leur en vouloir de vendre leurs produits, c’est leur moyen de vivre, mais certains produits s’éloignent de l’esprit de l’homéopathie proprement dite. Il y a le même écart qu’entre, disons, la diététique, et la marque Weight Watchers. Il y a un lien, c’est sûr, mais ce n’est pas la même chose, ni les mêmes contraintes. Attaquer l’homéopathie au motif que Boiron fait telle ou telle chose, c’est de la confusion des genres.
5. Le protocole suggéré plus haut par toto est difficile à mettre en œuvre (on y a pensé, évidemment) : quel patient accepterait de prendre sans le savoir un placebo ? Je vous rappelle que le sujet d’une expérimentation doit donner son consentement éclairé (par écrit), et doit être averti dans les formes des risques d’effets secondaires éventuels ... et d’inefficacité, et qu’il a tout à fait le droit de refuser !!! Je me suis retrouvé confronté au problème... avec des veaux, le propriétaire n’était pas d’accord.
6. On accuse les labos homépathiques de faire du fric avec la crédulité des pauvres gens. Arrêtons de rigoler, l’homéopathie représente même pas 2% du chiffre d’affaires mondial de la pharmacie. Si il y a lobbying, c’est du côté des grosses firmes qui tentent d’éliminer un petit concurrent. Votre argumentation à base de comptes de la Sécu ne fait que reprendre le vade-mecum de ces grandes firmes, qui vendent des traitements dix ou cent fois plus cher, à diagnostic identique !!!
7. La France, refuge obscurantiste des homéopathes ? Là aussi, arrêtez les conneries : le pays le plus grand consommateur d’homéopathie, c’est ... l’Inde ! Puis... en peloton, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France en tête. Pas vraiment des pays de ploucs...
8. L’effet placebo : c’est vrai que c’est une question très intéressante. Il est d’ailleurs marrant de voir qu’on brandit à chaque coup l’effet placebo quand on parle d’homéopathie, mais jamais quand on parle de médecine classique. Alors que c’est le même cas de figure, non ? Je suis d’accord avec coupet, c’est la vrai problème, et il vaudrait mieux augmenter cet effet que se fatiguer à trouver de nouvelles molécules coûteuses et polluantes. Essayez, vous verrez, vous aurez droit aux mêmes réactions outragées, on vous accusera de fair le jeu des sectes, de coûter cher à la Sécu, de ne pas produire des protocoles expérimentaux reproductibles, enfin, les mêmes arguments, quoi. Je fais juste remarquer à Emmanuel en passant que l’effet placebo existe chez l’animal, mais qu’il est très mal étudié (en fait, pas du tout).
9. Si l’information est infinitésimale dans le médicament, alors il y a plein d’autres informations infinitésimales mélangées avec, donc ça ne peut pas marcher : exemple typique d’argument faussement scientifique. C’est du genre : comme les oiseaux sont plus lourds que l’air, alors ils vont tomber si on les lâche en l’air, et donc ils ne peuvent pas voler. Comme le faisait remarquer eugène wermelinger, l’information n’est certainement pas dans une seule molécule, mais fatalement dans une structure plus complexe (encore que franchement, je ne sais pas, c’est de la spéculation, un peu plus étayée toutefois que ce que j’ai lu plus haut). On est à la recherche d’hypothèses, et les expérimentations manquent cruellement depuis l’éxécution publique de Benveniste et la concentration du poivoir de recherche chez un seul acteur économique.
10. J’ai lu l’argument d’Aldo, il boite : avec cet argument choc qui ne vaut pas cher, on peut aussi bien récuser la médecine classique : si je trouve cent personnes qui me disent que l’aspirine c’est efficace, ça ne prouve pas que l’aspirine est efficace. Et alors ?
Voilà quelques points sur lesquels je voulais apporter une réponse nourrie d’expérience. Merci de m’avoir lu.
09/08 20:06 - Manu-H2O
@Emmanuel www.lepointveterinaire.fr  ; et faire une recherche avec placebo dans le (...)
12/02 13:44 - MichelS
Je réagis rapidement au message de Ptilou et à la réponse de (IP:xxx.x12.48.216), ORL qui (...)
26/01 23:38 -
Et moi, je répète pour la 15ième fois qu’on peut tout a fait considérer que l’effet (...)
26/01 10:04 - Francis Beauvais
Je me permets d’apporter ma contribution à ce débat en vous signalant que je viens de (...)
24/01 00:16 -
« concentration en hormones : souvent 10 puissance - 12, ce qui n’est pas beaucoup » (...)
22/01 20:52 -
En effet, je le déplore également. Cependant, je note que plus de 70% des votants trouvent cet (...)
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