Votre excellent commentaire apporte une réelle valeur ajoutée à l’affaire. Non que j’aie ignoré cet aspect, comme vous semblez le suggérer, puisque :
À la même époque, dans les milieux de la finance et du grand capital, on
se préparait également au passage à la monnaie unique européenne, on
négociait des alliances stratégiques et on investissait dans les
télécommunications, l’informatique et plus généralement, ce qu’on
appelle à présent les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) ; les start-ups
poussaient comme des champignons, les vannes du crédit étaient grandes
ouvertes, des entrées en bourse de plus en plus spectaculaires
d’entreprises qui parfois n’avaient pas un mois d’existence provoquaient
la frénésie des traders, toute cette fièvre générant l’énergie et les
capitaux nécessaires à la mise en place de l’infrastructure du Grand
Réseau, et, au-delà, de l’ « économie virtuelle » qui est la nôtre
aujourd’hui.
Mais j’aurais pu (dû ?), éventuellement, insister davantage sur cet aspect de la question. Votre hypothèse est très plausible ; j’aurais toutefois deux réserves :
- On est quand même largement dans le domaine de la spéculation intellectuelle (c’est à dire, du pur conspirationnisme, comme on dit si bien à notre époque) ; néanmoins, si vous arrivez à trouver des preuves tangibles, vous aurez vraiment tapé dans le mille ; cela dit, l’absence de preuves ne remet pas en cause la valeur de votre hypothèse.
- Il ne faut pas - à mon avis - accorder trop d’importance à l’aspect financier du point de vue de la géopolitique. Il y a aux moins deux choses qui valent largement plus que toute la finance du monde dans une guerre (or, on est bien dans une guerre, je suis à tout à fait d’accord avec vous là-dessus ; par contre, j’en situerais le début entre 1947 et 1949 et non pas en 2001), à savoir, les ressources, et la capacité de production. Il est vrai que le cas des États-Unis est un peu particulier, puisqu’ils ont consumé les ressources les plus indispensables dans une assez large mesure sur leur propre territoire, et sont du coup obligés de les importer. De ce point de vue, l’esbrouffe de l’ « économie virtuelle » est le moyen par excellence de berner les fournisseurs de matières premières, et de les payer avec du vent en échange.
Maintenant, il serait intéressant de savoir dans quelle mesure ceux-ci sont-ils bernés en effet, ou bien, acceptent de se laissent berner ? Le cas de l’Arabie Saoudite, par exemple, est tout de même étonnant : depuis des décennies, cet État arrose le monde occidental de son pétrole, et que gagne-t-il en échange ? à peu près rien. Est-ce donc qu’il est dirigé par des gens à ce point idiots, ou bien, n’a-t-il tout simplement pas le choix ?
Internet est une « usine à gaz », une machine à abrutir, à faire perdre du temps, à espionner, mais en même temps, ce n’est aussi qu’une sorte d’illusion qu’on fait disparaître en appuyant simplement sur le bouton « OFF » de son ordinateur. Après tout, il ne serait guère étonnant que cette illusion n’intègre aussi l’ « illusion monétaire » qu’on essaye de nous faire gober. Mais ça fonctionne de moins en moins : si les foules se laissent encore mener par le bout du nez, ce n’est pas le cas des États que l’Amérique cherche à soumettre (Russie et Chine, pour faire « simple »), et qui, à l’occasion, retournent l’arme contre son créateur. Mais cela ne sont que des escarmouches ; l’important est ailleurs.
Les États-Unis ont perdu l’Irak et sont en train de perdre l’Afghanistan ; le « repositionnement » sur la Libye me paraît périlleux et incertain, et ce n’est pas Internet qui va les sauver de la grande faillite financière qui vient. En fait, la seule chose qui pourrait les « sauver » (ou en tout cas, prolonger cette situation malsaine), ce serait une nouvelle guerre ; seulement, pour cela, il faut que celle-ci apparaisse nécessairement comme étant légitime (contrainte imposée par leur régime proclamé « démocratique »).
Ça m’a l’air de plus en plus mal barré, là aussi. Les « printemps arabes » sont une tentative désespérée d’allumer des foyers d’instabilité tout autour de la forteresse eurasienne, ce qui agace assurément les Russes mais ne semble pas les déstabiliser pour autant. De toute manière, on pourrait difficilement aller plus loin dans la surenchère, sans déclencher une guerre ouverte entre les deux blocs.
L’autre option, pour le camp « occidental », serait de reconnaître et d’essayer de minimiser sa défaite idéologique et ses mensonges, et se préparer à gérer sa récession économique. Cela vaut tout de même mieux qu’une destruction mutuelle assurée...