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Commentaire de velosolex

sur Voyage au bout de la nuit : un roman à lire ou à relire...


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velosolex velosolex 8 février 2012 16:35

Même si j’admire le voyage, et aussi « guignol’s band, » complètement désopilant

Je comprend pourtant les gens qui refusent de lire Céline, au vu de son histoire, des bagatelles pour un massacre, écrits à vomir.
 On oublie d’ailleurs que ce furent de beaux succès de librairie...Cette pensée antisémite était assez courante à l’époque.

On se rappelera charles Maurras, publiant dans L’Action française un violent article antisémite contre léon Blum qu’il traite de « détritus humain », ajoutant : « C’est un homme à fusiller, mais dans le dos" !

De tels outrances font frémir. Il ne s’agit donc pas de transformer Celine en bouc émissaire, ni de le montrer comme un marginal, mais de ne pas l’exclure justement du champ social , intellectuel et politique de l’époque.

Céline avait été traumatisé par la guerre de 14, et ne voulait absolument pas entendre parler d’un nouveau conflit. Jean Giono, autre ancien combattant écœuré des massacre ( lire le grand troupeau) choisira le pacifisme,
Céline tentera de marginaliser de façon délirante les principaux responsables selon lui : Les juifs....

Ce type reste un mystère, et montre que le génie et la pire sottise peuvent vivre sous le même toit. La verve, la caricature, et la recherche de l’excés, voir de la sortie de route, sont à l’œuvre en tout cas dans tous ces écrits, du voyage justement, jusqu’à ces écrits crépusculaires, au château de Sigmaringen, en Allemagne, où il a rejoint toute la clique pétainiste en fuite. Je parle des romans Nord, et d’un chateau à l’autre.

 Dans cet description d’un monde qui s’écroule, et de ses guignols pathétiques, il retrouve sa place d’observateur narquois, à l’affut des descriptions glauques, tout à fait à son aise dans les univers lézardés, excessifs, et inhumains ( la guerre de 14, le monde colonial, le taylorisme, qu’on trouve dépeint dans mort à crédit ).

Il y en lui comme une sorte de jouissance à accentuer le trait, à ne rien dissimuler, comme s’il était ailleurs, un touriste ou un peintre, arrivé par hasard en ces lieux.
Ne cherchez pas une explication à l’homme, à ses écrits, son itinéraire. il se contente de se rassasier de l’excès. un peu comme Néron devant Rome en flamme. Je ne suis pas sur que de retour en France, dans sa maison capharnaüm de Meudon, jouant au vieil ermite grincheux, il n’est pas joui de cet ostracisme qu’il avait toujours cherché.

Beaucoup d’écrits on été fait sur cette époque et ces lieux, mais de l’avis général, c’est la bouffonnerie de Céline, qui serait la plus propre à dépeindre ce monde chaotique, en perdition. 
C’est vrai, c’était surement un sale con, mais pas ordinaire. Mais qu’est ce qui fait qu’on s’y attache, ( peut être bien qu’il nous ressemble dans ses excès et ses contradictions)
Bien sur, il y a son chat Bebert, sa femme Lucette qu’il a adoré, toujours vivante je crois, et qui donnait des cours de danse.

J’ai dernièrement entendu sur france culture le témoignage d’une de ces petites filles qui venaient encore au début des années soixante prendre des cours, dans la maison de Meudon, et qui racontait ce vieux monsieur, qu’il ne fallait pas déranger, après lui avoir dit bonjour.


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