« Les peuples sont libres de
leurs choix », dites-vous. Très bien. « Ycompris lorsque
nous les pensons mauvais ». C’est encore mieux ! Autrement dit,
quand les Hutus très largement majoritaires au Rwanda se mettent dans la
tête de massacrer les Tutsis, nous sommes fondés à penser que leur
choix est mauvais mais nous devons le respecter par ce que c’est là
leur liberté. Et bien évidemment, nous garder d’intervenir. Au
reste, c’est ce qu’a très bien su faire, sous le règne de Tonton,
un gouvernement Balladur qui disposait pourtant des services du Renseignement. Les Tutsis ont bien dû crier un peu, appeler au secours, mais il n’y a pas plus sourds que ceux qui ne veulent pas entendre.
En Libye, la France est intervenue à
la demande d’un grand philosophe que la toxine botulique (c’est l’une
des plus redoutables !) avait un peu perturbé et sans qui les
délégués des « révolutionnaires » ne seraient
peut-être jamais parvenus jusqu’au perron de l’Elysée. Du moins, c’est ce qu’il prétend. On savait
très bien -ou alors, c’est que les services secrets français sont décidément très mal foutus !– que Benghazi était le repère des
nostalgiques de l’ancienne monarchie, des islamistes de tout poil et
même d’Al Qaïda. Bref, un rassemblement des meilleurs démocrates,
lesquels n’auraient rien de plus pressé que de restaurer les
libertés. En instituant la charia, qui est une bonne chose, cela va sans dire. Du moins
pour eux. Cela suffit-il à vous contenter ?
Je ne pense pas qu’on recommence en
Libye : maintenant, c’est suffisamment détruit et pour longtemps, mais on pourrait
faire la même chose en Syrie où, après la charia, il y aura quand
même près d’un million de chrétiens et aussi pas mal de chiites de
plusieurs tendances à massacrer. Certes, pour ce qui est de massacrer, on est déjà sur la bonne voie, mais on pourrait massacrer beaucoup plus généreusement encore, cela ne fait aucun doute. Je vois le ministre des affaires
étrangères s’exciter là-dessus jusqu’à l’hystérie mais je suis
bien persuadé qu’un socialiste agirait exactement de la même
manière et ferait la même politique de gribouille. En revanche,
quand il faudra agir sérieusement sur la question iranienne, qui est
beaucoup plus épineuse, on continuera à tergiverser jusqu’à ce
qu’il soit trop tard.