Vous exprimez vous-même une objection
que j’ai négligé de vous faire pour ne pas développer trop
longuement : quand on parle de la liberté des peuples qui seraient
fondés à choisir ce qui leur chante, même si cela nous paraît, à
nous, de mauvais augure, on néglige le fait que les peuples ont
toujours été interdépendants. Si mes voisins de palier forment un
couple mal assorti, je peux m’en accommoder indéfiniment pourvu que
les assiettes qu’ils s’envoient à la figure ne me tombent pas sur la
tête. Quand l’Iran, en revanche, construit des bombes atomiques pour
démolir Israël dans un premier temps, je ne peux pas dire : c’est
leur liberté, c’est leur affaire, ça ne me regarde en rien.
Si un islam fanatique prétend réduire,
par l’application de la charia, la moitié d’une population (les
femmes en Afrique du Nord) à un état de servitude abject, et
m’imposer, en France même, de respecter cela au nom d’une tolérance
univoque, il me semble que j’ai bien aussi la liberté de dire que
cela ne me convient pas. Tout se passe actuellement comme si les
états occidentaux, certes affaiblis, s’étaient fait une raison de
l’emprise d’un islamo-fascisme qui menace de s’étendre et dont on
voit déjà ici même les ravages : votre parti avait paru
vertueusement refuser le bonifacisme, cette théorie qui voulait
qu’on acceptât l’inacceptable pour ne pas mécontenter l’électorat
musulman, mais on semble désormais avoir délibérément fait retour à cette ignoble démagogie, et je vous rappelle que la
plupart des députés du PS ont quand même préféré refuser naguère de voter
pour l’interdiction de la burqa. Quel courage : c’est comme si on
aspirait déjà à la dhimmitude.
Je n’ai certes jamais eu la moindre
sympathie pour l’abominable surréaliste de Tripoli mais il me semble
qu’en l’éliminant, on pouvait aisément prévoir que cela
contribuerait grandement à destabiliser toute la région. Pour
éviter un massacre possible à Benghazi, combien de morts à cause
de nos bombardements et demain à cause de l’anarchie et de la guerre
civile ? La politique des bons sentiments peut aisément devenir la
plus calamiteuse. On en est là.
Christian Labrune