Lorsque je parle d’enseignement du regard de l’autre je parle d’autre chose que notre seul opposé politique.
Il ne s’agirait pas tant de nous enseigner le point de vue d’Abd El kader en montrant qu’il était matériellement inverse de celui du Duc d’Aumale, car nous emploierions encore et toujours la même grammaire rhétorique. Il s’agirait de nous montrer qu’un Abd El Kader tient compte de paramètres dont nous ne tenons pas compte et inversement. Par exemple la position,des étoiles ou l’odeur du vent.
Si nous nous emparons du secteur du Mont Rushmore c’est en visant son or. Il ne faut pas nous enseigner que les Lakotas se sont fâchés parce qu’on voulait leur prendre cet or. On doit nous enseigner qu’ils n’en avaient rien à cirer de cet or et que l’endroit leur était sacré pour de seules raisons métaphysiques. Il faut alors nous enseigner leur regard jusqu’à ce que nous ressentions ce qu’ils ressentaient.
Quand nous demandons à un Aborigène resté isolé des Blancs combien il a d’enfants, il est perturbé par cette question et si nous insistons, il finit par énumérer le nom de ses enfants. Mais il restera définitivement incapable de dire un chiffre. Nous devons donc apprendre le regard de ce père qui ne compte pas. Nous devons apprendre le regard des Romains et Gaulois qui ne passait jamais par le zéro
Pendant les cours de physique, les profs prenaient soin de nous enseigner la vision de l’atome selon Démocerite, Rutherford, selon Borh, Schrödinger, ca semble nous enseigner des visions différentes mais en fait, ça n’enseigne que votre vision cataphatique où une chose ne peut qu’exister ou ne pas exister et où l’on peut tout découper sans le moindre regard sacralisant.
On nous aurait enseigné le regard d’autres peuples, nous aurions multiplié nos regards sur nos souris blanches et sur leur cadavre jeté à la poubelle. Nous n’aurons pas placé des cigarettes dans la mâchoire du vrai squelette humain qui pendouillait à côté du tableau noir