Vous écrivez : " Dites à un enfant qu’il est un cancre ou un voyou et il le devient.
Dites lui qu’il est super doué ou un chic type et il le devient."
Si c’était aussi simple, tout le monde le saurait et tout le monde appliquerait cette excellente méthode. Je crains que vous ne preniez un peu vos désirs pour des réalités, mais cela part d’un bon sentiment et on ne saurait vous le reprocher.
Ce que j’ai pu quand même remarquer constamment, du moins à la fin du cycle secondaire, c’est que lorsqu’on est en face d’une classe dont le niveau est acceptable, et quelle que soit la manière dont on se comporte, les problèmes de discipline n’apparaissent jamais. On s’en tire aisément avec beaucoup d’humour et un peu d’ironie. Il n’y a jamais lieu de réclamer le silence, encore moins de sanctionner.
Lorsqu’on est confronté en revanche à des élèves qui ne sont pas en état de comprendre et qui sont incapables de faire face aux moindres exigences, le cours devient très vite pour eux un supplice et ils réagissent à cette souffrance par l’agressivité. Le paradoxe est que lorsqu’il paraît devenu nécessaire de sanctionner, les sanctions ne serviront déjà plus à rien, elles ne seront pas plus admises qu’un enseignement devenu incompréhensible. C’est à cette situation que sont confrontés beaucoup de nos collègues, particulièrement dans les banlieues. Dans bien des classes depuis plus de vingt ans, en lettres, il n’y a pas un seul élève qui soit au niveau de la moyenne. On surévalue, pour amorcer la pompe, mais c’est déjà criminel. En définitive, on n’enseigne plus, on fait semblant, et tout le monde, le professeur y compris, finit par être dupe. C’est une situation irrémédiablement pourrie.