D’ailleurs, cela me fait penser que c’est un autre point qu’on n’aborde pas, dans ce débat sur le CPE. Parce que, au fond, tout le monde sait bien -enfin ! ceux qui sont encore honnêtes et pas trop endoctrinés- que ce n’est pas à proprement parler le chomage des jeunes qui est en cause ici. Le problème, du point de vue des entreprises en tous cas, c’est le licenciement. Parce que c’est vrai que c’est difficile de licencier en France, c’est contraignant. Vous avez par exemple un commercial qui, brusquement, ne vend plus rien. Ce n’est pas toujours sa faute, ça peut objectivement être son secteur qui est mature, mais il n’empêche qu’il ne vend plus, et un commercial qui ne vend pas, ou qui n’est pas rentable, c’est un poids mort pour une entreprise. Donc, il faut s’en débarrasser.
Mais quand on a pris la décision de se débarrasser d’un gars, c’est rageant d’avoir à payer des indemnités, en plus. C’est vrai : on a l’impression de payer pour avoir le droit de licencier ! Du simple point de vue de l’entreprise, c’est un schéma incompréhensible : C’est comme si on devait payer pour avoir le droit de vendre un produit. Et ca n’est pas tout. Dépendant de la convention, l’employé licencié peut être en droit de réclamer aux Prud’hommes des indemnités importantes, s’il a quelques années d’expérience dans la boite. Il faut donc négocier, ça prend du temps, et pendant ce temps-là, l’employé doit rester dans l’entreprise, ce qui est susceptible de causer des troubles ou des tensions. En général, on cherche à abréger cette période au maximum, dans un sens ou dans l’autre. Dans la plupart des cas, ca veut dire : Soit on propose un package très intéressant pour que le licencié accepte vite, soit on applique la technique ci-dessus. Mais dans les deux cas, l’entreprise est plutôt perdante -en général ! parce qu’il ne faut pas croire, les jurés eux aussi n’échappent pas à la doctrine ultra-libérale.
Donc c’est ça, le sujet, la principale problématique des entreprises aujourd’hui en France : Le licenciement. La période d’essai, d’une certaine manière, est déjà une disposition qui s’inscrit dans l’arsenal visant à traiter ce problème : On peut licencier sans indemnités ni délais pendant une période de deux ans. Le CPE vise simplement à étendre cette possibilité à deux ans.
Personnellement, je n’ai aucun doute sur le fait que la restriction de l’age n’était qu’une manière de limiter l’impact, dans un premier temps, à une catégorie de la population qui n’est pas considérée comme la plus « puissante » socialement et poliquement parlant. Simple question de stratégie. Ensuite, on étendra la classe d’age -au nom d’un rééquilibrage, pensez donc, pas de discrimination !- et comme on sait que les employés du privé ne bougeront pas, il suffira de mettre la pression sur le fonctionnaires, de les accuser de faire entrave au progrès, on fera jouer les groupes anti-grêve, et le tout passera comme une lettre à la poste.
Au moins, ça désengorgera les Prud’hommes.
28/03 00:21 - bladam
Merci pour cet article bien écrit. C’est clair. C’est beau. Le fil de la pensée, (...)
22/03 22:22 - BarryAllen
Ce n’est même pas une question de s’éclater ou que ce soit drole. Ce qui (...)
22/03 18:02 - Gio
Pauvre de vous tous, déçus par votre travail,si tôt. Misère, misère ... comme le chantait (...)
21/03 20:14 - Gio
J’oubliais, l’université française devrait créer une licence de grève. Prévoir 5 (...)
21/03 20:12 - Gio
Non mon cher Alex et je n’ai jamais été au chomage, peut être justement parceque je ne (...)
21/03 07:08 - Le bateleur
Je suis très étonné qu’aucun des commentateurs patentés ou non de la réalité (...)
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