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Commentaire de Onecinikiou

sur Etre de Gauche et critiquer le programme du Front de Gauche et les positions de son candidat Jean Luc Mélenchon


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Onecinikiou 18 février 2012 13:30

Le problème principal est très simple à identifier : son manque de cohérence macro-économique. Cela alors que c’est justement le point fort de celui d’une Marine Le Pen par exemple.

Mais encore faut-il nous entendre sur le diagnostic. Je soutiens pour ma part, après une étude sérieuse et rigoureuse des faits et des tendances, de lectures attentives et d’écoutes de points de vue et d’analyses divers et variés, que les deux points fondamentaux qui oblitèrent les économies européennes, et singulièrement celle de la France, sont notoirement notre adhésion au libre-échange mondial et à l’euro, par le biais il est vrai des institutions politiques européennes, et des différents traités auxquels nous avons progressivement aliénés notre souveraineté et liberté.

Or, trois mesures radicales sont selon moi absolument nécessaires pour nous sortir de la spirale d’un déclin mortifère et non moins inexorable si nous poursuivons dans cette voie :

1/ Sortir immédiatement, et en ordre si possible, de la monnaie unique. Cette dernière conservant un statut de monnaie de réserve. Convertir à cette occasion la dette libellée en euros en monnaie nationale respective nouvellement recréée (=pas d’appréciation de la dette). Dévaluer dans la foulée afin de regagner instantanément en compétitivité, réduire notre déficit commercial et rétablir ainsi l’équilibre de notre balance des paiements. Ce qui induit également de faire défaut partiel sur notre dette souveraine en la restructurant auprès de nos créanciers (et contractée illégitimement auprès d’eux), ce qui est tout à fait envisageable sinon hautement souhaitable. Et, sur ce point, le plus tôt sera le mieux. N’oublions pas qu’il est toujours possible pour les puissants, ce que nous sommes à défaut de l’être encore demain, de modifier les règles du jeu en cours de partie. Ce qui est le fondement de toute politique depuis Mathusalem.

2/ Réinstaurer un protectionnisme raisonnable, au mieux à l’échelle européenne si nous arrivons à convaincre nos partenaires (a fortiori l’Allemagne, ce qui est plus qu’improbable), et donc au pire à l’échelon national, modulé en fonction du change monétaire et des secteurs productifs industriels à protéger. Cela afin de conserver une indépendance stratégique, et donc des marges de manoeuvre politiques importantes, dans un monde en mutation sévère et qui aborde des échéances majeurs à court/moyen terme, notamment au niveau de la raréfaction des ressources naturelles. Stopper parallèlement les flux migratoires, en abolissant immédiatement l’espace Schengen et en rétablissant les contrôles systématiques aux frontières nationales respectives.

3/ Se réapproprier le droit légitime et souverain des Etats à battre monnaie pour leur compte, ne faisant plus appel ainsi au seul marché, en re-nationalisant l’instrument de création monétaire. Ce qui aura pour effet de tuer dans l’oeuf toute velléité spéculative, et plus encore d’assainir durablement nos finances publiques (comme de réduire notre dette extérieur contractée auprès de prêteurs étrangers). Cela passe par la dénonciation collective - ou non - des traités européens qui nous engagent sur ce point, et signe de facto la fin de l’indépendance des banques centrales. Ce qui là encore est non seulement fort souhaitable, mais nécessaire.

Sur ces trois points Mélenchon est hors jeu car il fait soit preuve d’utopie (l’autre mot pour dire idéalisme/idéologie), soi preuve de graves manquements :

1/ Il ne veut pas sortir de l’euro mais le transformer afin de le faire mieux correspondre à ses intérêts. Prends-il les gens pour des imbéciles, sait-il seulement que nous sommes 17 Etats-membres de l’eurozone et qu’il est impossible qu’il torde le bras à ses partenaires pour obtenir ce qu’il veut ? Il faudrait l’unanimité et tous les Etats-membres ont droit de véto. Cette solution est donc caduque. D’autre part la question n’est pas de savoir s’il faut sortir, mais quand allons-nous être contraint de sortir. Car nous allons devoir le faire pour une raison très simple : l’euro n’est pas viable car une monnaie unique ne peut définitivement chapeauter des économies par trop divergentes et disposant d’un taux de change unique vis à vis de tiers. C’est la raison fondamentale. D’autre part nous ne sommes pas - et ne pouvons définitivement être - une zone monétaire optimale (Mundell). D’où des déficits extérieurs considérables pour les pays dits du sud qui ne font que creuser un peu plus leur endettement. C’est le point cardinal. Sauf à faire de la zone euro une zone monétaire optimale cela afin d’ « égaliser » ces différences par des transferts massifs de fonds (on parlerait de 20 points de PIB pour un pays comme la France, 400 milliard d’euros...) à l’intention des pays les plus vulnérables et les moins productifs de cette zone, on ne pourra sortir de cette situation inextricable qui ressemble fort à un cercle vicieux.

Or c’est justement le point que les européistes (auquel je suis obligé de réduire à présent Mélenchon et son programme) refusent d’intégrer comme une pure utopie : il n’y aura pas de transfert équivalent car il n’y a pas une volonté de solidarité d’une ampleur telle qu’elle permette sa réalisation, cela pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de sentiment d’appartenance européen et un processus d’identification suffisamment fort et prégnant au sein des différents peuples qui composent l’Europe. Les européistes achopperont irrémédiablement, ils le savent, et c’est pourquoi ils veulent passer au-dessus des peuples pour forcer l’intégration - le fédéralisme - cela afin de sauver leur merveille. Qui peut croire néanmoins que, sans adhésion et mandat clairs des peuples pour le constituer, ce projet, cette construction idéologique, sera viable ?

De plus il faut aborder le problème de la croissance. Car sans croissance il est complètement illusoire, quelle que peut être l’intensité des plans de rigueur par ailleurs (ils se révéleront même contreproductifs), de croire que nous serions en capacité de résorber notre endettement et d’améliorer notre ratio. Or Mélenchon refuse de voir que l’euro, structurellement, a plombé notre croissance depuis dix ans et promet de la plomber pour les dix ans qui viennent. Comment expliquer en effet que dans l’Union européenne, la zone euro ait depuis sa création une croissance systématiquement inférieure aux autres pays membres situés hors zone euro, et bien inférieure encore aux autres pays et zones économiques du reste du monde ?

Personne doué de bon sens ne peut ici soutenir que les peuples d’Europe - car à la différence des Etats-unis ou de la Chine il y a DES peuples en Europe - en particulier ceux des nations les plus riches (car c’est eux qui seront mis à contribution), soient prêts, à l’instant où j’écris ces lignes, à voir transférer l’équivalent d’au moins 20% de leur richesse nationale (à comparer au 1,05% de l’actuel contribution au budget européen des Etats-membres de l’Union) vers les zones les plus fragiles qui serait situé AU-DELA de leurs frontières nationales respectives ?

De ce point de vue l’aveuglement idéologique des libéraux-fédéralistes, auquel nous devons malheureusement réduire le sieur Mélenchon par ses prises de postions réitérées, quand bien même les pousserait-il à opérer une fuite en avant malheureusement fort prévisible (relativement pathétique et semblable vers sa fin à une autre « construction de l’esprit » qu’incarnait admirablement le système communiste soviétique), ne pourra définitivement résoudre par des moyens légitimes c’est à dire démocratiques - j’allais dire même : par des moyens pacifiques - la quadrature du cercle.

Pour résumer mon propos : une monnaie, comme le dit excellemment bien Asselineau, c’est d’abord et avant tout une Nation et un Peuple. Or il n’y a pas de peuple européen. Donc : fermer le ban.

2/ Le protectionisme ne fait pas partie du vocabulaire de Mélenchon et encore moins du programme du FdG. Cet aspect pourtant essentiel est par conséquent inusité. Et quand bien même le voudrait-il qu’il le proposerait dans le même ordre d’idée que précédemment, c’est à dire au niveau européen. Alors que l’Union est fondamentalement libre-échangiste et que ses partenaires disposent de surcroit, comme il a déjà été rappelé, chacun d’un véto (il faut en effet l’unanimité des Etats-membres pour valider une telle mesure à cet échelon). C’est donc là encore totalement utopique, soi pire : non formulé.

3/ Pure tartufferie sur la nationalisation de l’outil de création monétaire : il pense pouvoir convaincre l’Allemagne de donner à la BCE les mêmes droits dont disposent la FED aux USA, c’est à dire de jouer le rôle de prêteur en dernier ressort et faire ainsi tourner la planche à billet en garantissant solidairement les emprunts de l’ensemble des Etats-membres de la zone euro. Mascarade totale quand on sait que les statuts de la BCE l’interdise, le Traité de Lisbonne, ainsi (totalement accessoirement) que la Loi constitutionnelle allemande, comme l’a rappelé la Cours de Karlsruhe récemment.

Sur ces 3 points sans lesquels j’affirme que RIEN NE SERA RENDU POSSIBLE, le FdG de Mélenchon est out quand le FN de Marine Le Pen répond de façon globale à des problèmes macro-économiques qui, encore une fois, déterminent quasiment l’ensemble d’une politique socio-économique qui se voudrait un tant soit peu volontariste et qui romprait surtout avec trente ans de social-démocratie et de libéralisme mortifère.

Idéologie néolibérale qui, partagée il est vrai à gauche par l’ »internationalisme des imbéciles" (Sapir), théorise une totale liberté d’établissement des capitaux, des marchandises, et... des travailleurs.

Ainsi - et pour conclure - il est à tout le moins surprenant, sinon suspect, que de supposés authentiques anti-libéraux se prononcent continûment pour la restriction des deux premiers vecteurs de ce néolibéralisme mortifère pour nos économies - et de son cortège de désindustrialisation, de chômage, d’endettement, de casse de notre modèle social, de désindexation des salaires et même de désinflation généralisée - sans jamais rien mentionner (ou si peu) sur ce troisième vecteur de propagation pourtant d’importance ?!! Car pour cela encore faut-il comprendre que l’immigration n’est pas un stigmate qui nous tombe du ciel mais fut bel et bien l’allié objectif de la mondialisation économique (la fameuse armée de réserve de Marx) et du discours néolibéral qui l’accompagna. 

Mélenchon, idiot utile du Capitalisme apatride porté par l’oligarchie mondialiste ? Il convient de poser sérieusement la question.

 


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