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Commentaire de Onecinikiou

sur Mélenchon et l'Iran : la grotesque manipulation de l'extrême-droite


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Onecinikiou 21 février 2012 08:37

Pourquoi d’emblée l’évidence ne s’impose-t-elle jamais d’elle-même ? 

Mélencchon est-il stupide et ignorant des réalités géopolitiques élémentaires pour croire en effet, notamment pour le cas libyen, que l’instrumentalisation de la machinerie de l’Otan ne va pas se faire en premier lieu au bénéfice de son organe central, la puissance Etats-uniennes (et ce qu’elle recouvre en dernière instance), et ainsi préserver en premier lieu ses intérêts ? 

Car il faudrait être un incorrigible naïf du type de ceux qui ont porté caution aux allégations fallacieuses qui justifiaient l’ingérence armée, en donnant leur accord par exemple au parlement européen et donnant ainsi toute latitude à l’ONU pour la permettre - suivez mon regard - pour croire une seule seconde que l’intervention en Libye, comme hier en Irak et demain en Syrie ou en Iran, ne s’inscrit pas dans un mouvement stratégique de fond opéré par les tenants néoconservateurs de l’unipolarité américaine.

Et pour ne pas passer pour un fieffé complotiste, comme aiment à les dépeindre les réseaux habituels de disqualification, l’auteur en tête - inculte - écoutons ce qu’en a vécu de l’intérieur des structures de pouvoir le généralissime Wesley Clark, ancien commandant en chef de l’US European Command, non-suspectable par conséquent de propos fantaisistes :

http://www.youtube.com/watch?v=2vWe0cVdYRI

Le rapport/programme du Projet pour un Nouveau Siècle Américain (PNAC - courant 2000), think tank des néoconservateurs américains à l’influence déterminante sur la politique étrangère des Etats-Unis, est également là, sous nos yeux ébahis :

http://newamericancentury.org/Rebuildin ... fenses.pdf

Les recommandations on ne peut plus explicites de Paul Wolfowitz, Secrétaire à la Défense sous Bush père et fils, le résume ainsi en substance juste quelques années auparavant :

 »Notre premier objectif est de prévenir la re-émergence d’un nouveau rival, que ce soit sur le territoire de l’ancienne Union soviétique ou n’importe où, qui présenterait une menace comparable à celle de l’ancienne Union soviétique. Ceci est le souci dominant qui sous-tend la nouvelle stratégie de défense régionale et requiert que nous nous engagions à prévenir tout pouvoir hostile de dominer une région dont les ressources pourraient, s’il en prenait contrôle, s’avérer suffisantes pour en faire une puissance globale. Ces régions comprennent l’Europe, l’Extrême-Orient, les territoires de l’ancienne Union soviétique, et l’Asie du Sud-Est.

Il y a trois aspects additionnels à cet objectif :

1/ Premièrement, les USA doivent faire preuve du leadership nécessaire pour établir et garantir un Nouvel Ordre Mondial apte à convaincre les compétiteurs potentiels qu’ils ne doivent pas aspirer à un rôle régional plus important ni prendre une posture plus agressive pour défendre leurs intérêts légitimes.

2/ Deuxièmement, dans les zones de non-défense, nous devons représenter suffisamment les intérêts des pays industrialisés de manière à les décourager de concurrencer notre leadership ou de chercher à renverser l’ordre politique et économique établi.

3/ Enfin, nous devons conserver les mécanismes de dissuasion des compétiteurs potentiels qu’ils soient tentés de jouer un rôle régional plus important ou un rôle global.« - Paul Wolfowitz, »Recommandations pour une politique de défense pour les années fiscales 1994-1999« .

Ainsi donc les interventions libyenne aujourd’hui, irakienne hier, syrienne et iranienne demain, s’inscrivent en tout état de cause dans un remodelage complet, et à une large échelle, du Proche et Moyen-Orient. 

Cela afin de sécuriser les lignes d’approvisionnement en hydrocarbures de l’Empire américain, moins pour ses besoins de consommation immédiats (comme le démontre Chauprade dans son ouvrage « Chronique du Choc des Civilisations », et comme le confirme magistralement Wolfowitz ici) que pour contrôler surtout ceux de ses compétiteurs (Chine et Russie principalement), qui vont aller de plus en plus croissants. Car qui contrôlent les ressources en matières premières et d’énergies maitrise dans le même temps les capacités et la vitesse de développement des puissances qui lui sont concurrentes.

Deux causes invoquées comme prétextes vont servir de vecteur de légitimation à l’égard des opinions publiques occidentales afin d’obtenir leur approbation, et permettre de servir au mieux cette volonté géostratégique interventionniste : la guerre d’ingérence humanitaire et la guerre contre le terrorisme. L’une et l’autre, tour à tour, parfois contradictoirement, le seront pour légitimer d’abord, appuyer physiquement ensuite, la subversion de pays non-alignés sur les intérêts de l’unipolarité américaine (recoupant, et c’est tout sauf anodin, les intérêts de l’Etat d’Israël), appartenant à cette sphère d’influence proche et moyen-orientale.

Quand je dis que ce n’est pas anodin, on ne peut pas ne pas aborder en effet la question des intérêts néoconservateurs (ou atlantistes) sans tenir aucun compte de la géopolitique d’Israël, qui dispose d’un pouvoir exorbitant sur le Congrès des Etats-Unis, afin de forcer des décisions qui servent avant tout les siens propres. Sauf à considérer bien entendu, dans le cadre de la mise hors jeu de Kadhafi, que la chute d’un leader politique qui était sans doute l’un des plus virulents critiques d’Israël ne se fasse à son bénéfice... C’est précisément là que doivent intervenir tous azimuts les agents aux ordres du Mossad (sayanims), et qui ont un rôle éminent à jouer notamment dans la manipulation de leur opinions publiques respectives, et ce dans chacun des pays où ils se trouvent et en son les citoyens.

Nous pourrions d’ailleurs, tout à fait légitimement au vue du scénario qui a prévalu, mettre sur le même plan les destins respectifs de Saddam et Kadhafi, et de leurs fins semblables : deux leaders arabes non-alignés sur la géopolitique des intérêts atlanto-sionistes et destitués par eux pour des motifs fallacieux parce qu’inavouables ; deux pays regorgeant de ressources pétrolifères convoités par la puissance américaine pour les raisons qui en ont été donné (et déjà pour tenter d’enrayer son déclin prévisible) ; deux régimes laïcs balayés par les forces de l’unipolarité au profit d’une déconstruction radicale du pouvoir de l’Etat et livrés aux tribus, à la gangrène de la division créant les conditions d’une guerre civile larvée, ou directement au pouvoir islamiste (qui, dans le cas libyen, fera peser à terme une sourde menace sur tout le Sahel et directement sur les pays européens, qui sont les dindons de la farce dans cette affaire, trahis qu’ils sont par leurs dirigeants corrompus).

Pouvoir islamiste sunnite dont on sait par pratique de l’histoire qu’il s’accorde fort bien avec la puissance de l’Empire. Pour peu qu’il en respecte scrupuleusement les conditions (Pacte de Quincy faisant foi), le pouvoir islamiste le plus rétrograde et son cortège obscurantiste sera épargné et même protégé par la toute puissance de son armée. Qu’il témoigne de velléités d’indépendances et renonce à sa soumission intégrale et il sera balayé, sans coup férir dans le meilleur des cas (soft power). Evidemment, pour qui croit naïvement aux motifs allégués par la propagande de guerre lors de chaque intervention (volonté de mise hors jeu d’un tyran-sanguinaire, ingérence humanitaire, restauration des idéaux démocratiques et des libertés fondamentales, etc...) cela s’apparente à une insoluble contradiction, mais qui n’en est seulement que pour les gogos incultes qui veulent bien le croire.

En cela la guerre de pure ingérence voulue par Sarkozy et les cercles d’obédience néoconservatrice autour de lui, est à comprendre comme une stricte délégation de la partie opérationnelle de ce projet géopolitiques et stratégiques à travers l’emploi - plus exactement l’instrumentalisation - des forces armées françaises. Sous couvert naturellement du vernis humanitaire, un faux nez (dont l’objectif est de sidérer émotionnellement les esprits), servi désormais à toutes les sauces et décliné selon tous les modes par les instigateurs de la conjuration. Toute la perversité de la chose étant de constater comment aujourd’hui, hélas, de supposés sincères patriotes approuvent de bonne foi ces opérations sans saisir les enjeux ô combien plus déterminants dans cette affaire, et qui de manière manifeste les dépassent.

Pour revenir à Mélenchon, soit deux solutions :

1/ Il ne sait pas tout ce qui vient d’être rappelé, il fait donc preuve ici d’une incorrigible incompétence en matière de connaissances géopolitiques minimales, et il est vrai d’une inconséquence quant à la grille de lecture à adopter, foncièrement anti-impérialiste,

2/ Il le sait tout comme moi et comme beaucoup sur cette question, et alors en ce faisant un relais de la propagande de guerre il démontre par la même sa plus totale imposture, travaillant en effet en sous-main pour les forces qu’il prétend combattre. 

Dans les deux cas il est indéfendable. Au mieux incompétent (on se demande alors pourquoi lui donner prime pour défendre les intérêts du peuple français), au pire réellement malhonnête et travaillant pour les ennemis de la Nation. 


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