« Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
(Tunis, le 21 février 2012)
Par Habib Mellakh
universitaire, syndicaliste
Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba
Grève de protestation des enseignants de la Manouba et rassemblement des universitaires devant le ministère
L’avis du tribunal administratif au sujet du port du niqàb dans l’enceinte des institutions universitaires ? Le groupuscule qui encadre les étudiantes intégralement voilées n’en a cure. La sécurité des enseignants ? Les autorités s’en lavent les mains quand elles ne pensent pas avoir affaire à de fieffés comédiens passés maîtres dans l’art de l’amplification. Le sens des responsabilités pédagogiques et de l’attachement à l’autonomie institutionnelle chez les enseignants ? Ils en font un impératif et une culture.
Ce cocktail virtuellement explosif a fait dégénérer la situation à la faculté de la Manouba au début de cette semaine et particulièrement ce matin. Le groupuscule a fait irruption vers 10 heures et demie dans la salle du professeur Souhail Chemli pour imposer la présence d’une étudiante portant le niqàb. Refus de l’enseignant qui invoque le code vestimentaire en vigueur dans l’établissement et la position du tribunal administratif qui le soutient. Abreuvé d’injures et de propos répugnants voire grossiers, bousculé par de jeunes hommes en furie, menacé par un parapluie brandi comme une arme, le collègue n’a dû son salut qu’aux étudiants et aux enseignants venus à son secours.
La veille et au cours de la séance de l’après-midi, Madame Leyla Bellili, directrice du département d’histoire a été agressée verbalement et menacée par des membres du groupuscule pour avoir voulu faire respecter la loi.
Réagissant à ces violences devenues sempiternelles, les deux syndicats des professeurs ont décrété, en application de la motion syndicale du 14 janvier, une grève d’une journée et demie qui a été suivie massivement cet après-midi et qui sera observée demain durant toute la journée pour protester contre l’atmosphère d’insécurité qui règne à la faculté. Les enseignants de la FLAHM se joindront également au rassemblement des universitaires qui aura lieu, à l’appel de la FGESRS, demain à partir de 10 heures et demie pour protester contre le blocage par le ministère des négociations avec le syndicat de l’enseignement supérieur au sujet des revendications morales, professionnelles et matérielles et plus particulièrement au sujet de l’affaire du niqàb dans laquelle le tribunal administratif vient de confirmer la légalité de la position des enseignants. ».
Salah HORCHANI