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Commentaire de easy

sur Pour un Conseil Représentatif des Asiatiques de France


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easy easy 27 février 2012 14:14

«  »«  Vos appréciations, à cette aune, n’intéressent que vous seul. »«  »

Bin, à ce que j’en sais, je suis le seul asiatique à vous avoir répondu. Et je constate que même les autres AVoxiens vous désapprouvent.


J’ai l’impression que ce n’est pas ici que vous allez enrôler dans votre aventure.



Pour ce qui est de raconter des souffrances spécifiques, j’ai ce qu’il faut en magasin. Mais pas en tant qu’Asiatique qui s’efforce de faire son nid en France. Celles-là sont communes d’une part à tous les immigrés et d’autre part à tous les Français. Je n’en ai pas bavé plus qu’un Breton ou si peu que ce serait honteux d’en parler.
Quoi ?
Je vais confirmer ici que j’ai été écarté de quelques beaux marchés parce que mon nom fait asiatique, coolie ? Pffff, si c’était un peu vrai dans les années 60 ça n’a fait que devenir moins vrai au fil des décennies. Non, j’en ai bavé comme tout le monde épicétou. Ca me va très bien comme ça et je n’ai aucune envie de faire un drame de mon drame.


Car c’est sur un autre plan que j’aurais beaucoup plus à dire.
Etre Eurasien, il y a 60 ans, c’était très spécial à vivre, surtout quand père et mère relèvent de deux camps ennemis et en guerre ouverte.
Imaginez si Marguerite Duras avait eu un fils avec son Amant.
Imaginez un enfant de père Arabe chrétien et de mère israélienne juive. (Et encore, dans son cas, la « traitrise » ne se verrait pas sur son visage. Il pourrait passer inaperçu s’il restait silencieux)

Qu’il eût vécu en Indochine ou en France, le fils que Marguerite Duras aurait eu en aurait très spécifiquement bavé des insultes (sans disposer de la moindre communauté pour se réfugier). 
Mais quoique très spécifique et puissante à l’époque, cette ostracisation s’est atténuée au fil des années et de nos jours, personne, d’aucun des deux camps, même les anciens qui m’avaient insulté et lapidé, ne recommencerait. Tout s’est pacifié et j’adore cette pacification. Je suis heureux de ravaler mes souffrances, donc de ne pas les brandir, pour prix de cette pacification. Si j’en parle c’est uniquement de manière personnelle, strictement individuelle et pour raconter comment on peut souffrir face à des communautés marquées quand on ne relève d’aucune.


Plus haut vous avez dit en manière de vous moquer de moi que je suis seul.
Oh la la que je suis seul en effet !
Des gens ayant vécu le mauvais sort d’être né entre deux camps en guerre, il n’y en a pas des millions. Oui je suis très, très seul d’un point de vue communautaire car je n’en ai pas. Je vois mes deux familles se régaler chacune de sa communauté. Je vois que je n’en ai pas et je m’y suis fait à mon regard toujours externe.
Je supporte les communautés pour autant qu’elles ne sont que naturelles, par définition mais je suis allergique à tout ce qui les accentue, à tout ce qui en exalte les transcendances. Je suis donc très allergique au déterrage des morts que vous entreprenez sans leur permission.

Un Asiatique parle aux morts, il croit que ses ancêtres l’observent et l’accompagnent partout. Il ne lui viendrait pas à l’idée de transformer ces morts chéris en chiffres, en alignements comptables, millions ici, millions là. Un asiatique ne ferait pas ce que vous venez de faire et que j’appelle manipulation chiffriste.


Il est une spécificité des Asiatiques émigrés. Ils veulent bien pratiquer une dose de communautarisme mais entre eux, pour se distinguer entre eux. Même entre Chinois (encore que « Chinois » a souvent peu de sens chez eux tant il y en a qui viennent par exemple de Saigon où étaient donc déjà en diaspora d’exilés et depuis 200 ans). Et en plus, il y a des divisions aussi bien religieuses que politiques, même entre asiatiques d’un même pays
 
(C’est en Asie qu’il y a le plus de pays communistes et les asiatiques d’ici ne sont généralement pas emballés par le régime de leur pays, même s’ils en brandissent parfois le drapeau rouge en réflexe nationaliste. Et puis les affaires sont les affaires)

Ils veulent donc bien se démarquer entre eux mais n’ont pas trop envie de se démarquer par rapport aux Français. Ce qui est particulièrement vrai pour les Vietnamien (Indochine oblige). 
M’enfin la Taiwanaise que je vous ai montrée plus haut, elle la joue bien parisienne non ?



S’ils avaient voulu se constituer en communauté très influente au niveau national, les Asiatiques l’auraient déjà fait depuis longtemps. Avec un seul Ho Chi Minh, ils ont renversé une situation mondiale et le regard sur le colonialisme. Ils n’ont pas besoin d’un Philippe Vassé qui brandit des morts qu’il ne connaît pas pour se faire plus important qu’il ne l’est.


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