Une idée des intérêts économiques en jeu :
Les pronucléaires
François Roussely
PDG d’EDF de 1998 à 2004, il est aujourd’hui vice-président du
Crédit suisse, chargé du secteur de l’énergie. En 2010, il a conduit une
mission sur la réorganisation de la filière française du nucléaire
civil, à la demande de Nicolas Sarkozy. Son rapport, classé "secret
défense", préconise de faire d’EDF le chef de file du nucléaire
français, au détriment d’Areva.
EDF
Chez le premier producteur mondial d’énergie nucléaire, on a
l’uranium dans le sang. Peut-être plus encore chez les 158 000 salariés
que dans la sphère dirigeante. Henri Proglio, PDG de l’entreprise, le
sait bien : après Fukushima, il a appelé ses employés à la rescousse, en
leur demandant de rassurer leurs familles, amis et voisins, sur le
sérieux du nucléaire à la française.
Claude Birraux
Député depuis 1978, il préside l’Office parlementaire
d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, un organisme
commun à l’Assemblée et au Sénat. Avec son alter ego du PS, Christian
Bataille, l’élu UMP est de tous les rapports parlementaires sur le
nucléaire. Tous favorables, bien sûr.
CGT
Premier syndicat dans le secteur de l’énergie, particulièrement
bien implantée chez EDF, la CGT est l’un des plus ardents défenseurs de
l’atome, présenté comme le symbole de notre indépendance énergétique.
Le syndicat n’a pas hésité à qualifier d’irresponsable le volet
nucléaire de l’accord électoral entre le PS et Europe Ecologie-les
Verts. Et, en novembre 2011, la section CGT d’Areva a refusé de
rencontrer Eva Joly lors d’un déplacement près du Creusot
(Saône-et-Loire).
Bernard Bigot
C’est un homme clef pour l’avenir de la filière nucléaire.
Vice-président du conseil de surveillance d’Areva, il est surtout
administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique et aux
énergies alternatives (CEAA). Cet organisme a décroché 650 millions au
titre du grand emprunt pour préparer la construction d’Astrid, le
premier réacteur nucléaire français de quatrième génération, prévu vers
2020 à Cadarache (Bouches-du-Rhône)
Corps des Mines
Ce corps d’Etat détient pratiquement tous les postes
stratégiques des entreprises et organismes publics du secteur de
l’énergie, ainsi que dans les ministères. Composé, pour l’essentiel, des
meilleurs élèves de Polytechnique, il fonde sa légitimité dans le fait
de contrôler des activités industrielles dangereuses. Le charbon, hier ;
le nucléaire, aujourd’hui.
L’Express
"Depuis un demi-siècle, les intérêts économiques et stratégiques du
nucléaire civil sont si vertigineux qu’ils se confondent avec l’intérêt
supérieur de l’Etat. Cela peut se concevoir... A condition toutefois que
la puissance publique inspire confiance et puisse rassurer l’opinion
quand survient un pépin ou un accident dans une centrale. Or, depuis des
lustres, le grand bond de l’énergie nucléaire repose sur des non-dits,
des silences, des secrets. Il aura fallu Tchernobyl et la fable du nuage
radioactif bloqué aux frontières du Rhin pour que l’imposture soit
révélée."
Le Nouvel Obs