Melanchon veut être l’homo
novus de la plèbe, mais il a quand même derrière lui quelques
dizaines d’années d’un cursus politique des plus classiques. Il a
même été ministre de l’Education nationale ; comme il s’était
contenté d’expédier les affaires courantes du grand chantier de
démolition en cours, il est bien possible qu’on ne s’en souvienne
pas. C’est aussi le tribun d’un deuxième « Front », dont
la rhétorique fumeuse n’a pas grand chose à envier, il faut bien le
dire, à celle du funeste inventeur de l’autre. Bref, ce folklorique
ami du peuple, ce sans-culotte d’un nouveau genre, ami aussi de Cuba et de
tout ce que le socialisme a pu produire de plus autoritaire,
ressemble à ces monstres du crétacé dont une comète eut enfin
raison.
L’idée ne me viendrait certes pas de
voter pour Sarkozy, encore moins pour l’imitateur grotesque d’un
vieil émule du Maréchal, mais je préfèrerais quand même devenir cul-de-jatte plutôt que voter pour Mélanchon sous prétexte qu’il
incarnerait « la gauche ». A vrai dire, il n’en est plus que le
fantôme burlesque, vraiment comique et dérisoire.
Il n’y a plus de gauche, en
France, et Mélanchon en est réduit à devenir, comme ceux de l’autre Front, le
porte-drapeau du ressentiment social. Ce n’est pas avec ce type de
ressort qu’on peut faire marcher une politique. Ce qu’il pourrait
probablement faire de mieux pour la France, ce serait de récupérer
les meilleures petites phrases de sa campagne pour monter un modeste spectacle de café-théâtre
au fond de la province.