Il faudrait effectivement qu’on puisse plus facilement reprendre des études. Cela permettrait d’éjecter sans trop d’états d’âme des élèves qui vivent leur scolarité comme une contrainte imposée et s’ingénient à détruire le système. Quand ils auraient fait l’expérience du réel, et goûté au charme des emplois précaires et très subalternes, ils retourneraient à l’école, mais cette fois volontairement et avec l’intention d’y apprendre quelque chose.
Depuis pas mal d’années, qu’on travaille ou pas à l’école, cela ne changera pas grand chose dans l’immédiat : on peut être nul et passer dans la classe supérieure, et même, à la fin, avoir un bac, comme tout le monde : le bac est devenu un droit pour quiconque est resté enfermé un certain temps dans le système scolaire. En ce sens, on peut dire, particulièrement dans les établissements les plus défavorisés, que l’émulation s’est inversée. Dans le vocabulaire très particulier des banlieues, un « bouffon », ce n’est pas un comique, c’est un élève qui essaie de s’accrocher et qui obtient des résultats convenables. On le méprise : c’est un imbécile qui n’a pas compris qu’on ne lui en demandait pas tant et qu’il aurait son bac de toute façon, fût-il incapable de comprendre un texte ou capable de croire, comme certains que j’ai vus, que Théophile Gautier était un contemporain de Jeanne d’Arc.