La question déterminante est évidemment celle du coût, et c’est ce que ne voient évidemment pas ceux qu’angoisse l’idée qu’il faut mourir et que c’est là un bien mauvais moment à passer. L’euthanasie devient dans leurs cervelle une sorte de solution magique, du moins aussi longtemps qu’ils sont bien vivants et que la question, pour eux, ne se pose pas, et qu’ils peuvent en rester à l’hypothèse plus rassurante de la mort des autres. Il est de toute façon politiquement inacceptable que des institutions de l’état (l’hôpital par exemple) puissent décider de l’élimination d’un citoyen, même s’il ne risque plus guère de voter un jour.
Le grand malade est ordinairement dans une situation de faiblesse qui ne lui permet pas de juger et de décider sereinement de ce qui lui convient, quand bien même il aurait pris, des années avant de se retrouver sur un lit d’hôpital, la décision d’en finir le cas échéant. Parmi tous les fanatiques de l’euthanasie actuellement en bonne santé, il y en a un nombre non négligeable qui, au moment de recevoir l’injection léthale, changeraient probablement d’avis et préfèreraient la morphine et les solutions palliatives.
Enfin, je propose qu’on médite sur cette conséquence absolument logique de toute acceptation de l’euthanasie : si on peut discuter que le malade désespéré veuille réellement mourir, il n’y a aucune espèce de doute à avoir pour celui qu’on trouve suspendu à une corde. Il se l’est mise autour du cou, il a donné le coup de pied décisif dans le tabouret. Il voulait mourir, assurément, et on en a devant soi une preuve indiscutable. La meilleure des chose à faire si on le découvre encore un peu vivant, c’est donc de l’achever. Dans le manuel des secouristes, il faudra prévoir un chapitre intitulé : « Face à une tentative de suicide, comment hâter le processus léthal ». Le travail des pompiers, qui coûte cher à la collectivité, s’en trouvera grandement allégé. Je mets au défi quiconque fait l’éloge de l’euthanasie, de démonter la logique de cette proposition.