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Commentaire de Brath-z

sur Pourquoi Mélenchon fait-il semblant ?


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Brath-z Brath-z 10 mars 2012 13:50

DSKprésident > Sauf que Soral... ment. Je sais, c’est incroyable de lire cela, mais c’est parce que sur son site E&R, là, il y a une censure de plus en plus prégnante depuis plusieurs mois qui fait que dès qu’un message met en lumière les mensonges (et là je ne parle pas d’erreurs mais de mensonges avérés) de Soral, ça ne passe pas.

Soral justifie son soutien à Marine Le Pen pour une seule et unique raison : le programme du FN serait devenu « social ». Certes, le programme 2012 du FN est plus social que le programme du FN 2007, mais le programme 2012 du FN est plus libéral que le programme 2012 de l’UMP. Donc le « tournant social », on l’attend encore.

Ensuite, sur Mélenchon, Soral retient les faits suivants :

1) Les intentions de vote des ouvriers sont de 46% pour le FN et de 2% pour Mélenchon

Outre que ces chiffres sont fantaisistes (33% pour Marine Le Pen et 5% pour Mélenchon début février, soit la période de la vidéo de Soral, Marine Le Pen ayant depuis lors baissé sous la barre des 30% d’intention de vote chez les ouvriers), Soral oublie de tenir compte, une fois encore, de l’abstention, dont les ouvriers (23% des inscrits) fournissent la plus grande part (environ 50% des abstentionnistes représentant entre 7% et 10% des inscrits, soit de 30% à 45% des ouvriers qui s’abstiennent), ce qui réduit mécaniquement le résultat de Le Pen chez « les ouvriers ». 30% de 55% à 70%, cela fait entre 16% et 22% de l’ensemble des ouvriers, cela fait de toutes façons bien plus que pour Mélenchon, nous tomberons d’accord dessus, mais cela ne fait pas une « surreprésentation du vote Le Pen chez les ouvriers ».
Et puis on peut également contester ces chiffres. Outre que les sondages sont d’une manière générale une escroquerie méthodologique important plus par leur pouvoir d’injonction que par leur qualité prédictive, les sondages portant sur les sous-échantillons doivent, pour être recevables suivant les critères reconnus, porter sur des échantillons significatifs, c’est-à-dire une population d’au moins 1000 sondés correspondant aux critères déterminés. Or jusqu’à présent aucun sondage n’a jamais consulté 1000 ouvriers ou plus sur leurs intentions de vote, les données par « catégories socio-professionnelles » représentent des résultats dérivés, c’est-à-dire non scientifiques selon la théorie même qui fonde les sondages.
Enfin, précisons que, toujours selon la théorie même qui fonde les sondages, tous les sondages qui utilisent des méthodes reconnues (donc tous les sondages validés par la Commission des Sondages) sont cohérents entre eux. C’est l’élément fondamental de la théorie des sondages. Or j’attends toujours l’explication des sondologues qui rendraient cohérents les résultats des sondages des intentions de vote « chez les ouvriers » avec les résultats de ce sondage, qui place chez les ouvriers Mélenchon en deuxième position pour défendre les intérêts des ouvriers (première position sur la population totale). Aucun sondologue n’a osé nous expliquer doctement que les ouvriers voteraient volontairement pour des candidats dont ils estiment eux-mêmes qu’ils défendent mal leurs intérêts.

2) « Il n’y a pas un ouvrier aux meetings de Mélenchon »

Outre qu’on pourrait retourner l’argument envers Marine Le Pen, dans les meetings de laquelle les ouvriers sont loin de se bousculer, cette affirmation démontre qu’à l’évidence Soral n’est jamais allé à un meeting de Mélenchon, où l’on rencontre un grand nombre d’ouvriers, ainsi que divers autres catégories sociales (notamment une grande représentation des artisans, commerçants, petits patrons).

3) Mélenchon est un trotskiste, formé à l’OCI

Pour que cette phrase soit correcte, il faut la formuler au passé. Mélenchon fut un trotskiste, formé à l’OCI, en effet. Il ne s’en est jamais caché, mais a rompu avec le trotskisme au moins deux ans avant son entrée au PS, comme Pierre Boussel l’avait mentionné dans une interview donnée au Monde Libertaire en 1995 à propos des anciens de l’OCI membres du PS, particulièrement Jospin (qui était candidat du PS).

2) Les trotskistes ont toujours été financés par les américains contre l’URSS.

Encore une fois c’est incomplet. Certains mouvements trotskistes français et italiens ont été à la fin des années 1960 et au début des années 1970 financés par un lobby affilié au parti républicain américain. Outre qu’en France ce financement a cessé dès la rupture de l’Union de la Gauche en 1978, il n’est pas dit que l’OCI a bénéficié de ce financement, et la logique la plus élémentaire incite à penser que cela n’a pas été le cas : longtemps dénoncée comme « infiltrée par les stals » par d’autres formations trotskistes (notamment la Ligue Communiste), l’OCI a entretenu pendant les années 1970-1980 de très bonnes relations avec le PCF et des relations plutôt conflictuelles avec les autres organisations d’extrême-gauche.

3) Il prétend faire un lien entre les trotskistes, des juifs ashkénazes, la puissance d’argent et l’empire américain

En fait, il ne fait pas des liens mais des affirmations qui ne sont pas étayées d’études, encore moins de preuves. La sociologie des réseaux, c’est une discipline qui existe et qui ne se fait pas « à l’instinct ». L’excellent ouvrage de Blanrue « Sarkozy, Israël et les juifs » est un exemple de bonne sociologie des réseaux. « Comprencre l’Empire » est un exemple de mauvaise sociologie des réseaux.

4) Il distingue clairement le PC et les trotskistes où il dit qu’il n’y a jamais eu d’ouvriers

Les mouvements trotskistes (et d’une manière générale d’extrême-gauche) n’ont jamais été vraiment implantés chez les ouvriers, même si une partie non négligeable des membres de l’UC-LO, de la LCR et de l’OCI (puis du PT) étaient des ouvriers. En gros, pour caricaturer, ces mouvements, c’était 80% d’étudiants et 20% d’ouvriers. Donc il y avait et il y a tout de même des ouvriers dans les organisations trotskistes, et même plus proportionnellement que dans beaucoup de partis politiques (ce qui, vus les effectifs des partis trotskistes, n’est pas forcément caractéristique).

5) Mélenchon est resté 34 ou 37 ans au PS

Mélenchon a adhéré au PS en 1977, deux ans après avoir quitté l’OCI, et en est parti en 2008. Il est donc resté 31 ans au PS. Soral surestime donc quelque peu le temps passé par Mélenchon au PS. De plus, il oublie de préciser, et cela a son importance, que Mélenchon est toujours resté dans la branche gauche du PS.

6) Mélenchon a été deux fois sénateur, et « sénateur socialiste » serait un oxymore

Mélenchon a en effet été deux fois sénateur, tout en étant contre le sénat, et explique chaque fois qu’on lui fait la remarque cette apparente contradiction en faisant le parallèle suivant : "je suis contre le système capitaliste et pourtant il faut bien que j’aille faire mes courses au supermarché, comme tout le monde« . On est libre de dire que c’est »une trahison des idéaux« et bla bla bla, mais force est de constater que Mélenchon est cohérent, puisqu’il se réclame républicain et légaliste.

7) Mélenchon a voté »oui" au traité de Mastricht et Soral prétend que le PS aurait facilement pu l’éviter

Soral montre une méconnaissance totale de ce qu’il s’est passé au PS en 1991-1992. Le traité de Maastricht a été négocié par les chefs d’état, dont Mitterrand, lequel Mitterrand, qui craignait des rebuffades au PS, a expressément demandé aux dirigeants de tous les courants du PS, y compris la Gauche Socialiste dont Mélenchon était l’un des huit dirigeants, de donner sans même avoir prit connaissance du texte, leur accord de principe, ce qu’ils ont fait.
Quelques mois plus tard, Mélenchon a lu le texte et réalisé les dérives possibles de la chose, et a donc édité à l’intention des sections dirigées par la gauche du parti une brochure appelant à s’opposer au traité de Maastricht, ce qui lui a valu de passer devant la commission disciplinaire du PS et d’écoper d’une sanction, laquelle a été annulée sur intervention de Mitterrand à la condition expresse que Mélenchon accepte la « discipline de parti » et donc fasse campagne pour le « oui ». Mélenchon a accepté le marché (bien que certains de ses amis lui aient conseillé de préférer la sanction) par, a-t-il expliqué, estime envers « le vieux » : "je ne peux pas lui faire ça« .

On est en droit d’estimer que Mélenchon aurait dû accepter la sanction et s’opposer quand même au traité de Maastricht, mais force est de constater que s’il l’avait fait cela n’aurait rien changé, puisqu’il n’était à l’époque que l’un des 8 dirigeants nationaux d’un courant minoritaire de la gauche du PS.

8) Soral prétend que Mélenchon est l’ennemi historique du PCF

Mélenchon a quand même dirigé un courant du PS prônant le rapprochement PS-PCF, on peut difficilement prétendre qu’il en est »l’ennemi historique".

9) Soral prétend que le fondement du communisme en France reposait sur une interdication d’appartenance à la franc-maçonnerie

Soral encore une fois ment. Le PCF n’a jamais interdit la franc-maçonnerie, y compris dans ses propres rangs. D’ailleurs, certains de ses dirigeants étaient dès les années 1930 ouvertement francs-maçons. C’est le PCUS qui a interdit la franc-maçonnerie en URSS, ce qui a entraîné au début des années 1980 quelques tensions internes au PCF (qui c’était rapproché du PCUS après la rupture de l’Union de la Gauche).

10) Mélenchon est membre du Grand Orient de France ; la maçonnerie, selon Soral, étant spécialisée dans la social-traitrise

Mélenchon est en effet membre depuis 1983 du GODF, qui est une obédience (déjà c’est moyen) particulièrement intrusive et orientée (son pendant « de droite » étant la GLNF). Certes, il y a des loges plus fréquentables que celles affiliées aux obédiences et des obédiences plus fréquentables que le GODF et la GLNF, mais bon, des goûts et des couleurs on ne dispute pas.
Cependant, c’est un « petit frère » peu assidu aux réunions et son engagement manifestement spirituel est particulièrement rare dans la franc-maçonnerie et, à mon avis, l’éloigne considérablement des mécanismes sociologiques qu’on retrouve dans les loges (particulièrement celles affiliées à une obédience), à savoir luttes d’egos, batailles de petits chefs, etc.

De plus, précisons que Soral a de la franc-maçonnerie une vision, qui est celle de Serge de Becketch, ancien maçon de la GLNF parti à cause de querelles de personnes (en gros, il était très ambitieux et s’est cogné aux « petits chefs » de sa loge), qui fait rire tous ceux qui connaissent un peu sérieusement le sujet.

11) Soral prétend que Barroso est de la même orientation que Mélenchon

Un nouveau mensonge manifeste.
Les obédiences réunissent plusieurs milliers de loges, toute différentes, dont la plupart ne font pas de politique. Cependant, Barroso étant portugais, il ne peut pas faire partie du GODF, c’est donc une bêtise que Soral raconte. Barroso appartient à une obédience de tradition rénovée, tout comme le GODF, mais c’est comme si on disait qu’un catholique français appartenait à la même Église qu’un catholique arménien, ou bien qu’un membre du FN en France est membre du même parti politique qu’un membre du NF au Royaume-Uni, ou bien qu’un membre de la CGT en France est membre du même syndicat qu’un membre de la DGB en Allemagne : ça n’a pas de sens.

12) Mélenchon aurait pris le contrôle du « PC » par le haut, pas par élection

Outre que ça ne dérange pas Soral que Marine Le Pen a prit le FN « par le haut » et pas par élection, ni que cela ne contrarie Soral que Marchais en son temps était aussi devenu secrétaire général du PCF « par le haut », Soral ment, puisque les militants du PCF ont bel et bien voté pour choisir leur candidat en 2012.

13) Mélenchon aurait proposé un accord avec Europe Ecologie, champions du capitalisme vert

Iil faut arrêter de dire n’importe quoi et resituer les choses dans leur contexte, à savoir les élections régionales.
A ce moment, le Front de Gauche lutte pour exister face au PS, et France3, qui couvre la campagne, refuse d’accorder du temps de parole aux candidats du Front de Gauche dans les régions où il n’y avait pas eu de listes communistes en 2004. Le PS est alors clairement tenté par l’alliance au centre avec le MoDem, ce qui, du point de vue de Mélenchon, serait une catastrophe car il n’y a à ce moment-là aucune alternative solide à gauche (le Front de Gauche lui-même oscille entre 6% et 7%, soit pas suffisamment pour résister à l’orientation sociale-libérale).
Dans le même temps, à Europe-Écologie qui n’est pas encore devenue EELV, la « clarification » entre libéraux (comme Cohn-Bendit) et écologistes de gauche n’a pas encore eu lieu (depuis, si  : toute l’ancienne branche gauche des Verts est partite, et la branche droite des Verts constitue l’essentiel de la branche gauche - largement majoritaire - d’EELV), ce qui laisse espérer qu’une dynamique résolument de gauche (déjà manifestée par l’indiscipline d’une partie des députés européens d’Europe Ecologie par rapport au groupe V-ALE) peut s’imposer à ce parti.
D’ailleurs, Mélenchon dit bien « vous, Les Verts » et pas « vous, Europe Écologie », ce que Cohn-Bendit, qui n’est pas un perdreau de l’année, rectifie dans la suite de l’échange, coupé au montage par E&R, et ce n’est pas du tout innocent, ainsi que Mélenchon l’a expliqué dans un entretien avec des blogueurs. L’objectif est d’avoir une force résolument de gauche qui explose littéralement le MoDem et concurrence le PS pour éviter le glissement au centre. On peut estimer la démarche maladroite, mais prétendre que c’était une offre d’accord avec des libéraux, c’est être malhonnête ou aveugle, voire les deux.


13) Soral prétend que Mélenchon ment ouvertement sur les positions de l’Iran et manifeste son soutien à la position d’Israël

Dire que Mélenchon ment suppose qu’il sait que la traduction faite par l’AFP du propos d’Ahmadinedjad est fausse. Or 99% des Français l’ignorent. On pardonnera à Mélenchon de ne pas aller chercher ses infos sur le site du Réseau Voltaire.
Et je n’ai pas vu dans l’extrait (coupé...) mit dans la vidéo le moindre soutien à la position israélienne, dont il a d’ailleurs critiqué les menaces de bombarder l’Iran au début de l’extrait, mais la simple défense du droit international, comme d’ailleurs l’a fait un certain... Hugo Chavez, que Soral admire tant sans en connaître les positions (Chavez qui d’ailleurs soutien Mélenchon qu’il connaît bien et a rencontré à plusieurs reprises, mais Soral fait semblant de croire qu’il soutient Le Pen).


14) Soral affirme que Mélenchon ment très probablement lorsqu’il prétend ne pas connaître Le Siècle

Il n’y a aucune raison de croire que Mélenchon ment quand il dit ne pas connaître le Siècle.
1° au PS, Mélenchon était surnommé par la majorité (il a toujours été dans l’opposition, contrairement à ce qu’écrit Emmanuel Ratier qui ne connaît manifestement pas le fonctionnement interne du PS et confond direction, qui intègre tous les courants, et majorité) « méchant con »... difficile de croire qu’il ai été tenu dans les secrets des Dieux par ceux-là.
2° Dans les années 1980-1990, Mélenchon a été, à ma connaissance, le seul homme politique à dénoncer l’existence des deux « ancêtres » du Siècle (pour plus de précision sur le pourquoi des guillemets autour du mot « ancêtres », voir ici) que sont la Fondation Saint-Simon et le Club de l’Horloge (ce dernier ayant été co-fondé par Bruno Mégret, Jean-Marie Le Pen en ayant été fait « membre d’honneur » en 1986).
3° Sitôt que Pierre Carles lui a expliqué ce qu’il en était, il a mentionné l’existence de ce club dans ses meetings et a invité les gens à se rendre au rassemblement contre le Siècle, même si lui-même n’a pas pu y aller.


15) Soral prétend (pour la n-ième fois) que Marchais serait un anti-immigration et Mélenchon un pro-immigration

Les deux sont exactement sur la même ligne, comme l’indiquent très clairement les citations à la fin de cet article.

16) Enfin, Soral prétend que c’est le Front de Gauche et Mélenchon qui sont responsables de ce qui est arrivé à Dupont-Aignan

Outre que Mélenchon n’est arrivé au rassemblement que bien après Dupont-Aignan, il a été établi assez clairement que c’étaient des « indépendants » (anarchistes, libertaires, antifascistes, etc.) qui s’en sont prit à Dupont-Aignan et aucunement des membres des mouvements organisant le rassemblement (POI, NPA, UC-LO, Front de Gauche). De plus, Mélenchon a indiqué sur son blog qu’il était « désolé » que Dupont-Aignan ai été ainsi traité, ajoutant toutefois que la méthode de Dupont-Aigan (plus venu manifester contre le principe du « sauvetage de l’euro » que contre celui des « plans d’austérité »), consistant à s’inviter dans une manifestation d’une toute autre orientation que la sienne n’était pas une manière de faire, et que s’il voulait, ce qui est son droit, manifester contre la politique d’austérité menée en Grèce, il aurait dû organiser avec ses partisans son propre rassemblement.


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