« »« »" Nous avons lutté pour obtenir des droits et quelque égalité depuis des décennies. En voilà le constat.
Nous avons le droit de vote depuis 1945, soit quelques milliers d’années après les hommes, mais nous l’avons. Tout comme nous avons le droit de travailler, droit qui est devenu une obligation par les temps qui courent « »« »
Ca c’est le lieu commun.
La réalité c’est que les hommes et les femmes ont acquis le droit de vote quasiment en même temps et très récemment.
Je parle des hommes et des femmes ordinaires
Laissons de côté les peuplades sans cités dans lesquelles il y a toujours eu un sens au moins implicite d’accord démocratiquement déterminé. Dans ces peuples, on décide des choses en se voyant les uns les autres et ce point est essentiel.
En ne considérant que les peuples avec cités, donc très hiérarchisés et organisés, où les gens ne se voient plus les uns les autres, où il y a plein de recoins, on voit qu’aucun d’entre eux n’a offert aux hommes ordinaires la possibilité de voter.
Il y a eu des reines, des rois, parfois très autoritaires, ça c’est vu un peu partout, en Chine comme en France, mais des hommes ordinaires qui votent, sans condition de cens, de rang ou de force, il n’y en a jamais eu nulle part.
Si donc, on laisse de côté le minuscule décalage entre le droit de vote universel réservé aux hommes de France (pourvu qu’ils aient 21 ans et ne soient pas militaires) acquis en 1848 et celui encore moins restrictif accordé aux femmes en 1944 (après qu’il y en eût tant dans la Résistance) on voit qu’à l’échelle de l’Histoire, hommes et femmes ont acquis le droit de vote quasiment en même temps.
Cette observation qui nivelle le cas des garçons au cas des filles, pose problème tant il prospère un discours selon lequel si les malfaçons de sont pas de la faute des filles, elles sont de la faute des garçons.
Pendant des millénaires une poignée de personnes, des hommes, des femmes, ont décidé pour la masse. Il ne faut pas prétendre pour autant que ces masses étaient totalement silencieuses et soumises. Ce n’était pas du tout le cas. Mais disons que leurs doléances ne passaient pas par la voie des urnes. Leurs réclamations passaient mais par d’autres voies, dont celle des injures, des fourches et des pierres. Ce n’est pas parce qu’on ne vote pas qu’on ne se fait pas entendre.
Une fois admis qu’hommes et femmes ordinaires ont acquis des droits et responsabilités en même temps, on peut analyser ce qui s’est passé depuis un siècle d’une toute autre manière. Non plus en projetant un sexe contre l’autre mais en découvrant que cet accès aux responsabilités nous aura valu à tous, aux hommes comme aux femmes, de nous retrouver avec d’énormes complexités à gérer.
En effet, un homme moyen, une femme moyenne, de nos jours, doit travailler sur tous les plans, sur tous les sujets, de toutes les manières et ne jamais manquer d’ambition. Savoir aussi bien choisir une couche culotte en fonction de son degré d’hydroxyméthalase sublimée que pondre un logiciel de gestion des eaux de source peroxydiques de sa vallée. C’est aussi compliqué pour les hommes que pour les femmes. Ces dernières ayant la problématique de la maternité pré et post natale à gérer en plus.
Notre droit de vote s’est transformé en une obligation au moins morale de voter à mille assemblées, syndic de copropriété, parents d’élève, communale, comité d’entreprise, syndicat, mutuelle d’assurance, comité de quartier, comité des chiens et des chiennes de garde, prud’hommes, assises, comité des fêtes, de la chasse, de la pêche, du fleurissement de la ville, des restos du coeur, de Greenpeace, de l’association de la boule, élections communales, cantonales, européennes, législatives, présidentielles, comité pour la libération de Betancourt, comité pour la condamnation de DSK, sondages d’opinion...et de tout cela, il faudrait le faire consciencieusement et régulièrement.
Il n’était pas possible d’offrir à tous le droit d’accéder aux responsabilités sans que ça devînt un devoir et que chacun, même le plus ordinaire, se retrouvât avec toutes les responsabilités qui étaient autrefois réparties entre les gens.
Sauf à bâcler leurs devoirs devenus obligations, hommes et femmes d’aujourd’hui sont censés devoir tout faire, savoir gérer toutes choses et se retrouvent évidemments débordés.