@rosemar
vous écrivez « quand la vie n’est plus la vie, quand les souffrances sont trop atroces... »
Les souffrances, ça n’est pas la mort ; la vie avec la souffrance, ça reste quand même la vie, et jusqu’au dernier souffle. Mais votre phrase est quand même symptomatique, elle semble dire : on n’euthanasie pas un vivant, mais quelqu’un qui est déjà mort. Autrement dit, il n’y a pas d’assassinat puisque ce qu’on tue n’existe déjà plus. Ce qu’on euthanasie, ce serait donc déjà quelque chose comme une répugnante charogne. J’y vois une ruse de la mauvaise conscience pareille à celle qui selon Voltaire, permettrait en conscience de torturer son semblable.
Réfléchissant sur la torture, il remarque qu’il est impossible pour un homme normal d’en torturer un autre sans se faire à soi-même horreur. Il importe donc d’abord de déshumaniser la victime par les mauvais traitements appropriés, jusqu’à lui donner une apparence répugnante et bestiale. Faire en sorte, donc, que toute dignité humaine lui soit enlevée. Il écrit : « Il n’y a pas d’apparence qu’un conseiller de la Tournelle regarde comme un de ses semblables un homme qu’on lui amène hâve, pâle, défait, les yeux mornes, la barbe longue et sale, couvert de la vermine dont il a été rongé dans un cachot. Il se donne le plaisir de l’appliquer à la grande et à la petite torture... ». Et dans les camps d’extermination des nazis, il fallait aussi, avant toute chose, déshumaniser, faire en sorte qu’on n’ait plus affaire à des hommes mais à un troupeau de corps à moitié nus, décharnés et tatoués. En vérité, Il n’y a aucune raison de voir une différence bien nette entre cette politique des nazis et les fantasmes que cette campagne de propagande ignoble est en train de véhiculer.
Vous n’avez pas répondu par ailleurs à ma question qui était pourtant essentielle : quand vous voyez un pendu qui bouge encore, qu’est-ce que vous faites ? Vous lui tirez sur les pieds, pour augmenter la strangulation ?