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Commentaire de Alain

sur L'éthique journalistique de Libération


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Alain (---.---.4.93) 20 mars 2006 16:07

« En slip » par Pierre MARCELLE

Evidemment, ici même, nous en disputions sur moult modes, de ces images de Palestiniens que le raid israélien contre la prison de Jéricho dénuda. Raid électoral, proclamait mercredi la manchette de Libération barrant la photo humiliante de ces hommes en slip et en troupeau pressé, certains chaussés, d’autres non, avec leurs effets serrés contre leur ventre ou brandis à bras dans une fuite effarée. Au-delà des évidences diplomatiques mises au jour par la Sharon attitude d’Ehoud Olmert, au-delà de l’évidence allégorique de ce « cliché » de la Palestine, de Mahmoud Abbas et de son Autorité anéantie, au-delà de l’évidence esthétique d’une promiscuité révélée par un cadrage carré comme une cellule de prison, nous disputions de ce que cette initiative militaire (1) induisait de volonté d’humilier ; et, photo pour photo, du bien-fondé de sa comparaison avec celles qui révélèrent la banalité de la torture et les mystères de la sexualité chez les bidasses mâles ou femelles préposés à l’ordre antiterroriste, dans les banlieues de Bagdad ou les sables de Guantanamo. Il nous sembla alors (et ce « nous » redevient ici de majesté) que la question de Jéricho comme citation d’Abou Ghraib était et demeure médiocrement pertinente ; que certes, ces images seront perçues à bon droit comme humiliantes par des populations opprimées en général, et « de culture arabo-musulmane » en particulier. Reste qu’en matière d’humiliation, les Palestiniens subissent tous les jours des forêts que cet arbre iconographique dissimule mal. L’essentielle et première humiliation reste le déni d’existence induit par l’occupation. Dans l’actualité électorale proche-orientale, il est à craindre que le Palestinien ait moins à souffrir des photos qui le représentent que du blocage de ses territoires. C’est qu’on meurt moins vite d’une humiliation que l’on crève de faim.

(1) L’initiative de la « prendre » ou de la publier ressortit à des questions déontologiques qui, balayées par les outils de la surenchère numérique, sont désormais réductibles à vieilles lunes définitivement caduques.

( Tiré du site de libé : http://www.liberation.fr/page.php?Article=367711 )


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