@rahsaan
L’histoire du pendu n’a
rien de romanesque. Il y a chaque jour des dizaines de tentatives de
suicide qui sont ratées à cause d’une rapide intervention des
pompiers. Vaudrait-il mieux que ceux-ci, au lieu d’emmener en
réanimation les désespérés, les achèvent immédiatement ?
Formulé ainsi, est-ce que c’est plus facile à comprendre ?
Pour
le reste : n’importe quel individu muni d’un cerveau voit très
clairement que se tuer ce n’est pas la même chose que tuer autrui ou
se faire tuer par autrui, et que cela pose un problème philosophique
touchant aux notions de liberté et de responsabilité. L’idée de
tuer fait horreur à tout individu normal. Si je demande à l’autre
qu’il me tue, de deux choses l’une : ou bien j’ai affaire à un
crétin pour qui le fait de tuer son semblable n’a aucun sens
particulier voire à un pervers qui y prendrait plaisir, ou bien j’ai
affaire à un homme libre qui me répondra que, quel que soit le
degré de ma souffrance, sa liberté de ne pas devenir un assassin à
ses propres yeux reste tout à fait entière et n’a pas à être mise
en balance avec l’argument d’une quelconque pitié. C’est ce qui est très
clairement exposé dans le dialogue entre Axel Kahn et Luc Ferry,
c’est même tout à fait le centre de leur préoccupation, mais
apparemment vous ne l’avez pas compris.
Au reste, le résumé que vous faites
de ce dialogue est tout à fait inexact : ils ne parlent pas
seulement de l’industrie de la mort en Suisse, ils traitent même
surtout des gens qui sont en fin de vie et complètement grabataires,
considérant que la loi actuelle est suffisante et qu’il n’est pas
nécessaire de la modifier pour la raison que je développe aussi
depuis le début : on peut se tuer, mais pas SE FAIRE tuer parce que
cela suppose l’intervention d’UN TIERS EN POSITION D’ASSASSIN. Est-ce
clair, cette fois ? Autrement dit : souhaiteriz-vous qu’il y ait dans la ville des gens ayant
pignon sur rue et dont le métier serait de tuer du matin au soir ?
Je n’ajouterai rien d’autre à ce
débat. Je n’ai rien vu du côté des fanatiques de l’euthanasie, qui
ressemble à un commencement d’argumentation. Et pour cause !