Je partage les points de vue dominants exprimés ici (RMiste = bouc émissaire facile, le RSA c’est pas la panacée, un revenu inconditionnel d’existence serait une sacrée avancée).
Pourtant je dois dire que je connais bel et bien des gens qui se complaisent dans le RSA.
Eh oui, lorsqu’on devient insensible aux sirènes de la consommation, qu’on se tourne vers des plaisirs simples, et qu’on se regroupe (collocation, réseau d’entraide), on peut vivre correctement avec un RSA (manger, dormir, se laver, se soigner, et jouir de la vie). Et pour peu que vous soyez un peu « éveillé », vous pouvez vous sentir plus riche qu’un Mr. Total ;) - par ma foi : je suis moi-même au RSA depuis un an - et 8 mois de chômage auparavant.
Voici ce qui me dérange : autant je n’en veux pas à ceux qui bossent 8h par jour de s’affaler dans leur canapé devant TF1 en rentrant, et de ne pas questionner leur réalité, autant j’ai plus de mal à le tolérer chez les chômeurs longue durée. On ne trouve pas de job qui nous correspond ? Ou on refuse l’esclavage moderne ? Ou on ne veut pas collaborer à toute cette merde ? Très bien, mais d’autres acceptent tant bien que mal, et ce sont eux qui nous nourrissent, jusqu’à preuve du contraire. Par égard pour ceux-là, la moindre des choses serait de mettre toute notre énergie au service de l’amélioration de la société. C’est mon point de vue.
Au lieu de ça j’en connais pas mal qui se vautrent dans l’alcool, les jeux vidéos, la branlette (intellectuelle et...) bref. C’est vrai qu’on a la pression : socialement d’abord, mais aussi intérieur (qu’est-ce que je fais de ma vie ?). Alors facile de sombrer dans une forme ou une autre de déprime.
Mais justement, à défaut de pouvoir enterrer nos blessures sous une montagne d’oseille ou de les étouffer à grand renfort de biens matériels, comme la plupart des gens, on peut en faire une force, une énergie incommensurable pour aimer, nous aimer nous-même, aimer les autres êtres humains, la vie, le monde...
Que ce soit par un engagement artistique, militant, humanitaire, et tout simplement au quotidien, en se mettant au service de la beauté et de la vie, à chaque instant, on peut être digne et intègre, tout en revendiquant son droit à un revenu inconditionnel d’existence.