• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Imhotep

sur L'immonde hypocrisie de la suspension de la campagne électorale


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Imhotep Imhotep 20 mars 2012 17:40

En réponse à cette volonté de faire taire tout le monde le NouvelObs fait un éditorial sanglant, sans citer Bayrou bien sûr, faut pas exagérer, mais le ton est donné et c’est l’attitude Bayrou qui est, en fait, soulignée comme celle qu’il fallait avoir 

Tuerie de Toulouse : non à la trêve La campagne présidentielle est suspendue. Or, après ce drame, il nous faut plus que jamais débattre du climat ambiant de haine de l’autre.

Ainsi, il faudrait se taire. Imposer une trêve. Faire comme si rien ne s’était passé depuis des mois. Oublier les dérives xénophobes de Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, celui que le quotidien américain « Wall Street Journal » surnomme Nicolas Le Pen. Effacer les Roms, les « trop d’étrangers », les délires sur la viande halal et, par ricochet, la viande casher, ces rites « ancestraux » stigmatisés par le pourtant si prudent François Fillon, et qui, lui aussi, a fini par déraper.

Il faudrait, au nom du deuil, mettre entre parenthèses le climat fabriqué jour après jour par une droite extrémisée, paniquée par la montée de Marine Le Pen, elle-même porteuse de ce climat de stigmatisation des gens venus d’ailleurs, les boucs émissaires de la crise.

Une campagne aux relents xénophobes

Certes on ignore à cette heure l’identité de l’assassin et encore plus ses motivations. Il peut ressembler au serial killer norvégien de l’été dernier, mais aussi – la police ne l’exclut pas – à ces djihadistes solitaires et meurtriers qui ont fait l’actualité aux Etats-Unis ou ailleurs.

Pourtant le tueur de Toulouse, même psychopathe, n’est pas tombé du ciel. Il n’a pas agi dans une atmosphère de mer calme, mais bien dans une ambiance de refus de l’autre. On dira trop vite que ceux qui ont attisé ces braises ont armé son bras assassin, qu’ils portent une part de responsabilité dans cette tragédie. On aura sans doute tort. Mais comment faire totalement l’impasse sur ce climat politique et jouer le grand rassemblement national les yeux fermés ? La meilleure manière de rendre hommage aux victimes de cette horreur est de regarder l’Histoire en face, de ne pas commencer à anesthésier notre mémoire.

Nous vivons depuis de longues semaines une campagne aux relents xénophobes. Pas un jour sans qu’un candidat de la droite et de l’extrême droite, ou leur entourage, n’alimente le rejet de l’étranger, soudain porteur de tous les maux. La faute à la mondialisation, insinuent-ils, à la horde de ces « aliens » s’infiltrant dans notre corps social, polluant notre « identité nationale ».

Ne pas esquiver le débat

Le tueur au scooter a visé des Français d’origine juive, maghrébine ou antillaise. Il a parfaitement enregistré le message subliminal d’une certaine campagne pour le porter à son point extrême : l’élimination physique du corps étranger. Ce malade est en mission. Il répond, à sa manière, au sale climat entretenu par des incendiaires. Comment, alors, ne pas affronter cette réalité et montrer du doigt les apprentis sorciers, les pyromanes, qui, aujourd’hui, devant l’opinion internationale, jouent les pompiers, les protecteurs des valeurs fondamentales de notre République, alors, que quelques jours plus tôt, ils les bafouaient allègrement ?

Faire le deuil de nos morts, car ce sont nos morts, ceux de la France toute entière, sans évoquer le terreau politique qui aurait pu désinhiber un détraqué serait une faute morale. On comprend que les candidats à l‘élection présidentielle s’en tiennent à un devoir de réserve. Ils ont raison. Aucun drame ne doit être exploité par eux. Il faudra bien pourtant que l’on examine de près les raisons qui auraient pu pousser le serial killer à perpétrer ce massacre. Dans ce domaine, pas question de trêve. C’est un devoir civique de ne pas esquiver ce débat.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès