Des réponses à vos questions :
1/ Je parle d’un ouvrage paru en 2003, c’est vrai, mais que je me suis procuré récemment. C’est le seul livre que j’ai lu d’A-M Delcambre. Je sais qu’elle en a publié un autre depuis, mais voilà, c’est à celui-ci que mon article fait référence. Ce qui s’est passé depuis ne change pas grand-chose à sa démonstration me semble-t-il. Et je pense que Régis Debray écrirait aujourd’hui la même chose qu’en 2001. C’était hier. « Ce qui s’est passé depuis » comme vous dites (principalement l’assassinat de Theo van Gogh, l’affaire des caricatures, le discours de Ratisbonne de Benoît XVI et l’affaire Redeker) ne change rien à la question du décalage existant entre l’islam juridique sur lequel se concentre A-M Delcambre et l’islam sociologique.
2/ Je n’ai pas mis de lien hypertexte sur A-M Delcambre parce qu’on trouve sur internet le pire et le meilleur et que j’ai préféré me limiter à juger ce que je lisais uniquement. Je pense aussi que, le meilleur de lui-même, un auteur le met dans ses livres et qu’il faut avoir la patience de le lire plutôt que lui faire des procès d’intention sur telle ou telle déclaration parfois parcellaire.
3/ Averroès a effectivement été accusé d’hérésie... comme Spinoza. Et pourtant, nous nous réclamons encore de Spinoza sans y voir de contradiction avec notre héritage judéo-chrétien. La pensée d’Averroès n’est pas séparable du contexte dans lequel elle est née. Averroès était musulman et héritier de la pensée aristotélicienne. La « possibilité » d’un Averroès au XIIème siècle à Cordoue, montre, je crois, que les contradictions pouvant survenir entre pensée grecque rationaliste et islam peuvent être surmontées. Le fait que certains puissent, par ailleurs, citer en exemple Averroès ou les soufis pour esquiver la question de l’islam et de la violence ou celle de l’islam et de la raison est un autre problème.
4/ c’est vrai, un préjugé n’est pas forcément faux. Mais je crois que le but de la critique est de contester ce que nous croyons a priori. J’aurais peut-être dû préciser que le livre d’A-M Delcambre risquait de conforter de « faux » préjugés - si cela vous convient.
5/ Là, je ne comprends pas. Vous me dites « comment osez-vous mentionner les (certes nombreux) musulmans paisibles ? ». Précisément parce qu’ils sont à la fois nombreux et paisibles ! Et que ce fait têtu devrait nous conduire à davantage de prudence lorsque nous entendons émettre des jugements définitifs sur des objets comme « l’islam » ou dans le cas que vous citez (en faisant peut-être une comparaison abusive d’ailleurs), « la télé ».