FFi
Je vous rejoint totalement.
Otto Dix était un peintre allemand qui faisait partie des dégénérés, et dont
la grande majorité des oeuvres ont été brûlés en place publique par les nazis.
C’est un peintre figuratif, très doué, et assez fascinant, (apparenté à un
artiste comme Bruegel), si l’on parvient à se débarrasser de ce malaise qui
nous atteint indubitablement en regardant ces toiles.
Puis vient un nouveau malaise, quand on s’aperçoit que l’on prend un certain
plaisir, du moins une fascination, à détailler ces oeuvres
C’est tout l’art d’Otto Dix, pour nous faire passer de l’autre coté du
miroir : Il nous prend par la main pour un petit tour en enfer, sur un air
de flon-flon !
Prostitués vieillies et égrillardes et fardés, montés sur les genoux
de mutilés de guerre....Culs de jattes, gueules cassés, amputés en uniforme faisant la manche, scène de front avec soldats
portant boyaux à l’air, quand ceux ci ne sont pas accrochés aux branches
d’arbres.
Et pourtant, miracle, Otto Dix n’est pas un peintre obscène. il nous parle
de la souffrance du monde, et de quelque chose de plus, de la persistance du
mal, et même de la complaisance à s’en repaître.
Il fera scandale en parlant d’une façon objective et qu’on jugera scandaleuse de la condition du soldat, et de sa psychologie : De la jouissance de tuer, d’enfoncer une
baïonnette dans un corps. Chose inadmissible à entendre, mais propre à
illustrer l’addiction à la violence et à la mort.
Il savait apparemment de quoi il parlait, puisqu’il fit la guerre de
14-18 ; avant de repartir au front pendant la seconde...Quoique sans
aucune passion, très désabusé, mais pas dupe de ce qui se jouait.
Otto Dix n’avait rien d’un nazi, bien au contraire, puisque pourchassé,
condamné, menacé de camp d’internement.
Il n’aura de cesse de faire parler son expérience dérangeante à travers sa
peinture, incapable de se débarrasser des images qui le hantaient et dont
il tentaient en les peignant de se soulager, et de montrer la partie noire de l’humanité.
De la guerre, de la violence, de ce qu’elle réveille ou enclenche chez les hommes.
Ainsi, on le sait, les conséquences d’une guerre perdurent longtemps après l’armistice. Il n’y a pas que les bombes enfouies et oubliées qui explosent cinquante ans après.