A M. Jackturf, expert en crottin,
La France vote peut-être à droite majoritairement dans un certain nombre d’élections, mais elle n’est pas de droite. Aller à droite ou à gauche, ce n’est pas forcément avoir d’idée particulière sur ce qui est la meilleure direction à suivre, c’est bien souvent suivre un mouvement qu’on ne comprend pas très bien. Être de droite ou de gauche, c’est très différent, c’est agir à partir d’une conception d’ensemble de la société qui demande un certain effort intellectuel dont malheureusement beaucoup de compatriotes n’ont pas le temps, affairés qu’ils sont à faire des heures sup ou à chercher du travail pour vivre ou encore à remplir le frigo à prix raisonnable.
S’il est vrai dans ce contexte que le temps qui reste au Front de Gauche pour expliquer ses propositions est fort court, il n’y a pas, loin s’en faut, une identité de droite de la France. Ses références et ses valeurs sont bien plutôt du côté de Lamartine, Victor Hugo, Jean Jaurès ou Camus, héritiers de la révolution, plutôt que de Pétain, Brazillac, Barrès ou Mauriac, héritiers de la contre-révolution. Quant à De Gaulle, il doit son aura à la politique de gauche (vote des femmes, sécurité sociale, retraite par répartition...) qu’il a mené avec les communistes du Conseil national de la Résistance, au sortir de la guerre de 39-45.
Aussi en regardant d’une part la réalité des votes d’adhésion (souvent très différents des votes réels) et d’autre part la volatilité des choix exprimés d’une élection à l’autre et enfin le taux de participation à des élections peu médiatisées comme les cantonales, je dirais qu’il n’y a pas plus de 40% des votants aux élections qui ont une véritable conscience politique. Pour les autres, il y a tout un travail d’argumentation qui peut être mené quand les conditions sont rassemblées aujourd’hui comme en 2005. Et même pour ceux qui sont vraiment ancrés dans une pensée de droite ou de gauche, ceux qui ont les arguments les plus clairs dans une période donnée peuvent convaincre de l’autre côté.