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Commentaire de Christian Labrune

sur L'affaire DSK : un mauvais remake du procès d'Oscar Wilde


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Christian Labrune Christian Labrune 2 avril 2012 10:15

@kali
Vous feriez mieux, puisque vous aimez cette volupté particulière qui consiste à se dire scandalisé et à se camper fièrement sur les principes de la morale, de vous étonner à propos d’une mitterrandolâtrie de la fin du siècle dernier dont on voit encore aujourd’hui les conséquences funestes. On sait maintenant beaucoup de choses sur le bonhomme, mais cela n’empêche pas de lui rendre un culte et le pauvre Hollande en est encore, à défaut d’avoir quelque chose à proposer, à en imiter dans ses discours les intonations ridicules.
On voit l’homme qui pensait avoir le « monopole du coeur » photographié avant la guerre derrière la banderole d’une manifestation qui exigeait l’ostracisme des « métèques ». Maréchaliste jusqu’à ce que le vent commence à tourner du côté de Stalingrad, il réalise cette étrange performance qui consiste à être un des rares « résistants » décorés de la francisque - et peut-être le seul, mais je ne m’avancerai pas sur ce point. En 56, dans le gouvernement Guy Mollet, il approuve l’usage de la guillotine pour faire raccourcir plus d’une trentaine de jeunes Algériens. Il n’a pas compris qu’il s’agissait d’une guerre, qu’il fallait conclure ce que De Gaulle appellera dès 58 une « paix des braves » et traite des résistants à la présence française comme des criminels de droit commun. En 59, comme on l’oublie un peu, il y a la monstrueuse forfaiture des jardins de l’observatoire : il organise un attentat contre lui-même. Il faut le faire !
L’homme de droite fait main-basse au congrès d’Epinay sur le PS ; avec l’aide de René Bousquet et d’une certaine presse que celui-ci contrôle indirectement, il peut entreprendre enfin son ascension vers le pouvoir, vers la « force tranquille ».
Slogan assez révélateur, sorte de retour du refoulé : à la fin de « L’enfance d’un chef », publiée juste avant la guerre Sartre, employait déjà cette expression : le jeune homme de la nouvelle, après avoir cassé la gueule avec plusieurs de ses petits camarades d’extrême droite à un vendeur juif de « l’Humanité » qui y perd un oeil se perçoit enfin comme « une force tranquille ».
La suite est plus connue : la gouvernement Maurois qui nationalise à tort et à travers et le tournant de 83 qui ouvre sur un libéralisme déréglé, inaugure « les années fric ». Et j’allais oublier la promotion délibérée de Le Pen pour mieux diviser la droite. Politique de gribouille, dont nous subissons encore les conséquences. Je vous laisse compléter le tableau.
 Tout cela, pour les historiens, dans cinquante ans, sera d’une importance capitale pour expliquer la dégringolade de la France. Les histoires de DSK, on les aura oubliées, ou bien on s’en étonnera à perte de vue, comme d’un signe de l’extravagant puritanisme d’un début du siècle.
 
 


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