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Commentaire de Morpheus

sur 1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe


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Morpheus Morpheus 9 avril 2012 16:04

J’approuve chacun des points que vous mentionnez, et j’aimerais renforcer cela par quelques pistes pour construire un autre projet de société.

A. D’abord, il y a le problème relatif à la politique.
Nous sommes face à une oligarchie qui a réussit, non seulement à s’autonomiser. Elle dispose de tous les pouvoirs : financier (création monétaire privée), médiatique (elle possède les grands groupes de presses, télévisions et radios), politique (les mandataires et les élus, issus des partis, sont dépendants de l’argent pour financer les ruineuses campagnes électorales et leur Politikè = lutte pour le pouvoir), renseignements (espionnage) et enfin policier et militaire.

Mais le plus fort (le plus tragique pour nous), c’est que cette oligarchie a réussit à nous faire croire que nous étions en démocratie  ! Elle a réussit ce coup de maître de nommer « démocratie » le régime de gouvernement (prétendument) démocratique (appelé dans ce formidable oxymore « démocratie représentative »), légitimé par le suffrage universel, c’est-à-dire qu’elle a réussit à nommer « démocratie » son stricte contraire ...

Convaincu, depuis notre plus jeune âge, par un battage sans cesse répété à l’école, dans les journaux, à la télévision, dans les livres, ... que [démocratie = élection / élection = démocratie], ils nous ont volé non seulement le mot démocratie, mais ils nous ont également dissimulé ce qu’est réellement la démocratie. Privé du mot, privé du concept, nous en sommes rendu à l’incapacité de formuler la solution au problème, parce que le problème a prit le nom de la solution. C’est le grand triomphe de la novlangue, chère à Georges Orwell.

Pourtant, par définition, l’élection n’est pas démocratique, mais aristocratique (l’élection est l’acte de choisir ; choisir qui ? le meilleur ; « meilleur », en grec = aristos). Cela ne fait même pas débat. (voir ceci pour développer).

Une solution possible pour nous réapproprier le pouvoir usurpé, serait de nous réapproprier le pilier sur lequel repose toute la légitimité légale de tous les pouvoirs : la Constitution. Là, le chercheur indépendant Étienne Chouard pense avoir trouvé une des causes majeure de notre impuissance politique. (voir ici pour une première approche et ici pour développer).

B. Le second problème majeure est notre approche économique.
Toute notre économie, et cela depuis des siècles, est construite sur base de la monnaie. Or, une analyse des mécanismes fondamentaux de l’économie fondée sur la monnaie démontre que l’immense majorité des problèmes rencontré dans nos sociétés (corruption, criminalité, injustices sociales, inégalités, pauvreté & misère, mais aussi, bien sûr, les guerres), tous ces problèmes trouve leur source dans ce mécanisme de l’économie monétariste. Je me dois de développer cette thèse.

1. La monnaie est un instrument inventé par les humains pour échanger des marchandises et des services. Au moment où la monnaie a été inventée, elle a sans doute répondu à un besoin dans la façon dont les hommes voulaient s’organiser, et a donc sans doute rendu service pendant un temps déterminé. Le monde actuel, globalisé, avec la quantité de connaissances et de découvertes acquises depuis des générations, a changé, et ce système ne remplit plus la fonction pour laquelle il a été inventé : il est donc obsolète.

2. La monnaie, qu’elle soit matérielle (billets, pièces, or, etc.) ou virtuelle (données informatiques) n’a en elle-même aucune valeur réelle : on ne peut pas se nourrir avec des billets, ni produire de l’énergie, ni fabriquer une maison ou quoi que ce soit (c’est du papier et du métal) ; ce n’est pas la monnaie qui produit des richesses, ce sont les ressources qui constituent la véritable richesse de base, et c’est le travail des ouvriers et employés qui permettent de valoriser ces richesses brutes.Mais à l’heure de la robotique et de l’automatisation à grande échelle, à l’aube d’une possible révolution cybernétique, le travail humain va grandement se réduire et se spécialiser : il n’y a - et il n’y aura plus de travail pour tous. Les gains de productivité des machines sont tels que ce mouvement est irréversible.

3. La valeur que l’on attribue à la monnaie est subjective et dépend de la confiance qu’on accorde à ces signes (nb. voir aussi le point 7 à ce sujet), mais également de la quantité de signes en circulation (inflation / déflation).

4. Par contre, la valeur des biens et des services va dépendre essentiellement de leur rareté : un produit, un bien ou un service abondant aura un faible prix ; un produit, un service ou une ressource quelconque se trouvant en faible quantité ou en pénurie (réelle ou artificielle ...) aura un prix élevé (principe de la "loi de l’offre et de la demande").

5. Par conséquent, l’ensemble du système économique basé sur la monnaie est fondé sur la (gestion de la) pénurie : pour qu’un produit, une ressource ou un service ait une valeur, il doit être plus ou moins rare. Le suprême paradoxe étant que, pour maintenir sa valeur, la monnaie elle-même doit être rare !

6. Comme la quantité de signes (de monnaie) en circulation doit elle-même être en situation de pénurie, il en résulte que de manière générale, il doit ne jamais y en avoir assez pour tout le monde ... !

7. Ce système d’économie basée sur la monnaie doit reposer sur un ensemble de lois contraignantes, sans lesquelles l’ensemble des populations ne joueraient pas le jeu. Ces lois sont le ciment du système et ne peuvent être discutées, à la façon d’un credo religieux au sein d’une église.

8. Comme l’argent devient nécessaire pour se procurer les produits et les services nécessaires à vivre et prospérer, et comme il n’y en a pas assez pour tout le monde, il s’ensuit logiquement qu’il va y avoir concurrence et compétition.

9. De façon générale, l’ensemble des ressources (donc des richesses de la planète) vont aboutir entre les mains d’un très, très petit nombre de personnes (en proportion au 7 milliards d’individus), et ces personnes, contrôlant de (très) grandes portions des ressources, déterminent elles-mêmes la rareté et les prix, quitte à détruire (ou dissimuler) les ressources excédentaires (il faut maintenir
- artificiellement ! - les prix, donc la rareté et la pénurie).

10.  Donc, tout système économique basé sur la monnaie revient in fine à organiser et pérenniser la pénurie et la compétition, plutôt que gérer de façon commune les ressources dans le but de générer l’abondance pour tous.

Si pareille analyse nous choque, nous pourrions déjà nous demander si cela correspond à la réalité observable ou non. A la lumière de cette analyse, il semble bien que - au delà d’un mauvais système de gouvernement qui rend les peuples structurellement impuissants - critique très pertinente et éminemment nécessaire - ce soit le principe même de l’économie basée sur la monnaie que nous devrions balayer de nos conceptions, afin de repenser un système entièrement neuf.

Pendant que nous nous démenons à trouver des solutions pour réformer l’économie (fondée sur la monnaie), une autre solution s’offre à nous : une économie fondée sur le partage équitable des ressources. Car si nous persévérons dans un système d’économie monétariste, même dans le cadre d’une démocratie véritable, nous continuerons à subir les mécanismes pervers du paradigme de la rareté et de la compétition, alors que nous aurons besoin de toute notre énergie pour mettre en place la coopération créative (principe de l’Open Source) et la solidarité active.

C’est parce que nous sommes, aujourd’hui, en mesure d’évaluer (techniquement) la quantité et la qualité des ressources et des richesses offertes par la planète Terre tout entière, que nous sommes capable d’envisager et de projeter un système social d’abondance (réelle) pour tous. Objectivement parlant, l’ensemble des peuples de la planète ont tous intérêt à ce qu’un système de cette nature soit mis en place, puisqu’il répondrait aux besoins de chacun, nécessiterait la collaboration et l’échange, et mettrait fin aux causes majeures des guerres et des conflits. Nous nous battons pour avoir accès aux piller les ressources et richesses que la planète nous offre dans d’autres pays, afin d’en bénéficier égoïstement et d’accroître les chiffres d’affaire de quelques industriels et actionnaires, tout en provoquant la pauvreté et l’instabilité dans les pays dit « du sud » (ceux qui ont des richesses dans leur sol). Si ces ressources étaient reconnues comme patrimoine et héritage séculaire et sacré de TOUS les êtres vivant, et si nous mettions en place une structure globale de gestion raisonnée (et raisonnable) de celles-ci au bénéfice de TOUS, alors il parait évident que nous n’aurions plus de raison de nous battre.

Il existe donc, face aux immenses défis qui se dressent devant nous, des solutions possibles pour construire un nouveau projet de civilisation.

Personnellement, je trouve cela réjouissant, parce que pendant longtemps j’ai entendu dire "Oui, c’est bien, vous n’arrêtez pas de critiquer le système, mais vous n’avez rien de mieux à proposer, pas de projet alternatif, pas d’idée nouvelle, rien." Et bien si, il y a des idées neuves, des projets alternatifs et même réellement révolutionnaires et réformateurs.

Cordialement,
Morpheus


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