@Georges Yang
" Le terrorisme
islamiste existe bel et bien, il s’explique par le fait d’une
longue histoire d’humiliations et parce qu’il est impossible de
combattre à la loyale des gens qui ont « de grandes oereilles »
utisent des drones et des armes sophistiquées"
Je crains
qu’il ne faille faire passer aussi la "longue histoire
d’humiliations" dans la même trappe que vous ouvrez pour y
faire tomber une certaine forme de racisme. Dans son dernier bouquin,
« Le nom de trop », Jacques Tarnero écrit : "S’il
est vrai que les masses, dans le monde arabe, endurent depuis des
dizaines d’années une condition dégradante sur tous les plans, en
réduire les ressorts à l’humiliation par l’Occident ou les
Etats-Unis, c’est commettre une imposture intellectuelle quant aux
mécanismes qui ont abouti à cette condition. La victimisation par
les seules forces extérieures ne peut que détourner l’attention des
causes internes et perpétuer la position passive qui caractérise la
posture de l’humilié, en tant qu’il reste de tout son être rivé à
sa propre débâcle sans échappée possible […] En ce sens, le
peuple arabe est sujet de sa propre humiliation ». Tarnero est
aussi sioniste que je peux l’être, mais on voit par cet extrait que
cela ne l’empêche pas d’être irrité aussi par ce type particulier
de racisme que vous dénoncez et qui consiste à pérenniser l’autre
dans une espèce d’impuissance à laquelle il lui serait pour ainsi
dire congénitalement impossible de s’arracher
J’ajouterai que ce qu’on peut voir à
propos du soutien apporté dans la presse par un certain nombre
d’intellectuels français à l’islamo-fascisme procède de la même
dérive : ce qui se passe actuellement au nord de l’Afrique est rien
moins qu’abominable : l’étau des Frères musulmans et les salafistes
se resserre de jour en jour, mais on fait semblant de ne pas le voir
: puisque les Arabes sont nécessairement musulmans (vu de très loin
et pour des crétins, ça passe), ils auraient mauvaise grâce de se
plaindre d’un mal sans doute nécessaire qui ne les éloigne de la
démocratie que pour deux ou trois générations.
¨Par ailleurs, ce que vous dites du
terrorisme comme dernier recours des faibles me paraît
contestable, cela me rappelle des propos équivalents de Sartre, dans
ses entretiens avec John Gerassi, assez récemment publiés, et qui
ne sont pas à la gloire du philosophe. La vieillesse et la
décrépitude ne l’excusent même pas.